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Le rendez-vous du médiateur. Reportage au Yémen : les risques de couvrir cette guerre ignorée

Beaucoup d’auditeurs ont dû être particulièrement satisfaits cette semaine en écoutant les reportages d’Omar Ouahmane, l’envoyé spécial au Yémen.

Article rédigé par franceinfo, Bruno Denaes
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Des miliciens patrouillent à Sanaa, au Yémen, le 25 janvier dernier.  (YAHYA ARHAB / EPA)

Le médiateur a reçu de nombreux messages reprochant à franceinfo de ne pas envoyer de journalistes sur place pour évoquer cette guerre très meurtrière. Omar Ouahmane a été l'envoyé spécial de franceinfo au Yémen.

Omar Ouahmane a passé une semaine au Yémen

"Le Yémen est un pays coupé en deux : le Nord contrôlé par les rebelles Houthis, soutenus par l’Iran qui détiennent la capitale Sanaa, souligne Omar Ouahmane, et le Sud un embryon d’état : une coalition menée par l’Arabie Saoudite, pays gangrené par le terrorisme avec des poches djihadistes (Daech et Al-Qaïda ont pris racine dans ce pays)."

Des auditeurs accusent régulièrement les journalistes de ne pas se rendre sur place et de peu évoquer cette guerre parce que la France est alliée de l’Arabie saoudite et qu’elle vend des armes.

"Les journalistes sont totalement indépendants, mais pour obtenir des informations fiables, il faut se rendre sur le terrain. En me rendant à Aden, j’ai pu recueillir des informations selon lesquelles les bombardements de cette coalition menée par l’Arabie saoudite, sont à l’origine de la mort de nombreux civils. J’étais le seul journaliste occidental."

Ce pays est devenu le trou noir de l’information

Un conflit ignoré des médias

"Ce conflit au Yémen, sans images et sans reporteurs, mais avec plus de 10 000 morts, semble ignoré. 10 000 morts depuis plus d'un an. C’est un conflit ignoré des médias, car le Yémen est un pays difficile d’accès. Tous les jours des reporteurs cherchent à s’y rendre pour couvrir cette guerre qui est à l’origine de la pire crise humanitaire jamais enregistrée".

Comment s’y rendre ?

"J’ai demandé un visa, il y a un an, dans un premier temps sans réponse. Six mois plus tard une nouvelle tentative, et en janvier, le visa était prêt juste pour se rendre à Aden."

Ce n’était pas prévu, mais le journaliste s’est retrouvé au cœur de la guerre à Aden, la grande ville du sud envahie par les séparatistes.

"Justement, durant 48 heures en janvier, Aden a été le théâtre de violents combats à l’arme lourde, poursuit Omar Ouahmane : le Yémen du Sud veut définitivement couper les ponts avec le Yémen du Nord. D’où les difficultés pour quitter le pays car les combats ont provoqué la fermeture de l’aéroport. J’ai dû faire appel à l’ONU. Retour par Djibouti à une centaine de kilomètres d’Aden puis passage par le Qatar et le Liban".

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