Le rendez-vous du médiateur. Sexisme sur les antennes.
Les médias français sont-ils sexistes ? Quelle est la place des femmes sur les écrans et bien sûr à la radio ? Questions posées par les auditeurs de franceinfo après l'onde de choc de l’affaire Weinstein.
L'affaire Weinstein, du nom de ce producteur d’Hollywood accusé par des actrices de harcèlements sexuels et de viols, a libéré la parole de nombreuses femmes victimes, elles aussi, de harcèlements et de sexisme.
Pour en parler Bérénice Ravache, présidente du Comité diversité de Radio France et directrice de FIP. En quantifiant les messages envoyés par les auditeurs dans le domaine que l'on peut qualifier de "diversité", on relève que quatre messages sur dix concernent le sexisme et la parité femmes-hommes. On atteint même les six sur dix, si on inclut les messages concernant le sport et la faible place laissée aux sports féminins.
Les auditrices, mais aussi des auditeurs, nous font régulièrement des remarques, comme celle de Régine. "En pleine affaire Weinstein, nous écrit-elle, comment votre animateur peut-il s’autoriser à faire un commentaire déplacé sur une présentatrice de TF1, suggérant qu’il voulait la rencontrer pour son physique plus que pour ses qualités professionnelles ?"
Le médiateur : Peut-on parler de sexisme ou de machisme ?
Bérénice Ravache : L'affaire Weinstein a permis d'évoquer un problème énorme et qui concerne la moité de l'humanité : les femmes se sentent mal à l'aise face à l'autre moitié de l'humanité, les hommes ; cette violence constitue un angle mort de notre civilisation. Nos antennes aussi véhiculent les stéréotypes qui sont le langage de cette violence.
Quand on dénonce ce genre de remarques en interne, il y a toujours quelqu’un pour rétorquer : "Alors on ne peut plus dire qu’une femme est jolie !" Où se situe la limite ?
La loi est très précise à ce sujet : le code du travail définit l'agissement sexiste "tout agissement lié au sexe d'une personne ayant pour effet ou objet de porter atteinte à sa dignité ou de créer un environnement intimidant, hostile ou dégradant, humiliant ou offensant ..." Il est évident que dans certaines circonstances un homme peut dire à une femme qu'elle est jolie, tout comme une femme peut dire à un homme qu'il est joli, mais c'est le contexte qui compte.
Comment sensibiliser les équipes au sein de Radio France ?
En se saisissant de la réalité grâce à des chiffres, des témoignages, des études, en mettant des actions en place ; une politique volontariste est menée.
Un autre point souvent relevé par les auditeurs, c’est le manque de parité pour les invités. "Dans votre émission de débats, nous écrit Sandrine, trois hommes, une seule femme. Peut-on imaginer l’inverse ?". Et elle ajoute un brin sarcastique : "Ah oui, évidemment s’il s’agit d’un débat sur la petite enfance…" Y a-t-il des moyens de faire évoluer les choses ?
Des objectifs sont chiffrés pour améliorer la présence des femmes sur les antennes du groupe ; les résultats sont là : en 2012, seules 22 % des invitées étaient des femmes, pour passer à 32 % aujourd'hui ; objectif fixé par Mathieu Gallet : 5 % d’augmentation par an. Mise en place également du site les expertes à disposition des journalistes et producteurs.
Il reste un gros chantier qui concerne tous les médias: la place du sport féminin.
Le rôle important que doit jouer Radio France en tant que média de service public qui doit être le miroir le plus sincère possible d'une société qui comprend autant de femmes que d'hommes ; les actions menées ne sont pas contre les hommes mais contre des comportements d'hommes ; les hommes ont tout à gagner à vivre dans un monde intelligent.
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