Le sens de l'info. Le féminin
Le philosophe et académicien Michel Serres et Michel Polacco parlent du féminin. Michel Serres focalise sa réponse sur les mots épicènes et eux se terminant en "eur".
Inspirée par l’exemple des femmes qui, sous la Révolution, avaient demandé à l’Assemblée Nationale "que le genre masculin ne soit plus regardé, dans la grammaire, comme le genre le plus noble", Hubertine Auclert faisait valoir la nécessité de créer une Assemblée pour féminiser les mots du français :
"L’omission du féminin dans le dictionnaire contribue, plus qu’on ne croit, à l’omission du féminin dans le code (côté des droits).
L’émancipation par le langage ne doit pas être dédaignée. N’est-ce pas à force de prononcer certains mots qu’on finit par en accepter le sens qui tout d’abord heurtait ?
La féminisation de la langue est urgente, puisque pour exprimer la qualité que quelques droits conquis donnent à la femme, il n’y a pas de mots. Ainsi, dans cette dernière législature, la femme a été admise à être témoin au civil, électeur, pour la nomination des tribunaux de commerce, elle va pouvoir être avocat. Eh bien ! on ne sait pas si l’on doit dire : une témoin ? une électeure ou une électrice ? une avocat ou une avocate ?
En mettant au point la langue, on rectifierait les usages, dans le sens de l’égalité des deux sexes
Hubertine Auclert
L’Académie féministe trancherait ces difficultés.... En mettant au point la langue, on rectifierait les usages, dans le sens de l’égalité des deux sexes". ("L’Académie et la langue", Le Radical, 18 avril 1898)
En soutenant que les femmes devaient exercer les mêmes fonctions que les hommes, il n’était pas question pour Hubertine Auclert d’ériger "le masculin" et les valeurs défendues pas les hommes en norme suprême. L’effacement du féminin dans la langue, rendu possible par l’emploi du masculin comme générique humain, masquait les "abus" dont les femmes étaient victimes. C’est ainsi qu’elle récusait le qualificatif d’universel pour "un suffrage restreint aux hommes seulement" et qu’elle dénonçait la manière dont on jouait sur l’ambiguïté de la langue française pour "escamoter" les droits des femmes.
https://m.centre-hubertine-auclert.fr/sites/default/files/fichiers/actes-pionnieres-web.pdf
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