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Le sens des mots. "Fake news", ou le désir de soupçonner les vérités officielles

Tout l'été sur franceinfo, Marina Cabiten et la sémiologue Mariette Darrigrand s’arrêtent sur les termes qui ont marqué l’actualité de l’année écoulée. Aujourd'hui, l'expression "fake news".

Article rédigé par franceinfo, Marina Cabiten
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Un manifestant en Australie brandit une pancarte où est inscrit "Fake news, ce que vous voyez à la télévision n'est que mensonge" (WILLIAM WEST / AFP)

L'expression américaine "fake news" se traduit littéralement par "fausses nouvelles". Elle désigne la désinformation 2.0. Elle est entrée dans le langage courant par le biais de Donald Trump en 2016, lors de sa campagne présidentielle qui s'est largement jouée sur les réseaux sociaux.

Franceinfo : Mariette Darrigrand, vous êtes sémiologue spécialisée dans l'analyse du discours médiatique et dirigeante du cabinet Des faits et des signes. Aujourd'hui, Donald Trump continue d'employer régulièrement le terme "fake news" contre ces journalistes qui "fabriquent" des contrevérités.

Mariette Darrigrand : Cette image de fabrication est importante pour comprendre ce qui se passe avec "fake news". Le mot fake, et non false, autre mot qui signifie faux en anglais, vient de l’industrie qui fabrique des objets. Au sens propre, le fake est une fabrication malhonnête, une contrefaçon : la paire de lunettes soi-disant haut de gamme vendue à deux dollars dans la rue, ou le sac de luxe qu’on trouve en vrac sur un marché.

Les spécialistes parlent de “vérités alternatives”, et c’est justement parce que les fake news détournent des infos authentiques qu’elles marquent autant les esprits. Par exemple : et si la Nasa faisait courir le bruit que la Terre est ronde, alors qu’elle est plate ? 9% des Français pensent que c’est possible selon l’Ifop.

D’ailleurs, le Larousse a fait entrer dans le dictionnaire cette année le mot-valise “infox”, qui mélange info et intox. Ça résume bien comment le vrai et le faux s’entremêlent. On ne peut donc pas se contenter de dire que c’est faux ou ridicule. La vérité n’est pas forcément efficace contre ce type de croyances de plus en plus répandues par les réseaux sociaux, et comme souvent avec les nouveaux mots, ils sont le reflet d’une évolution sociale. Avec fake news ou infox, on constate un désir très fort de notre époque de soupçonner les vérités officielles.

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