Existe-t-il un test sanguin pour dépister la bipolarité ? Le Vrai du Faux Junior
Est-ce vrai qu'on peut détecter des cas de bipolarité à partir d'un test sanguin ? Est-il vrai qu'il y a un lien entre le fluide sanguin et l'état psychologique d'une personne ? Est-ce que c'est vrai que la bipolarité laisse des traces dans les cellules sanguines ? Les élèves du collège André-Derain, à Chambourcy (Yvelines), nous interrogent et nous leur répondons.
Détecter la bipolarité par le sang : encore en phase de test
Pour rappel, le trouble bipolaire est une pathologie psychiatrique qui se caractérise par une succession aléatoire de trois phases : des moments d'intense tristesse, où la personne ne peut plus se changer les idées, des moments où tout va bien, où la personne n'a pas de symptômes particuliers, et enfin des moments où la personne est très excitée, agitée, désinhibée, où elle est capable de faire des choses qu'elle ne ferait pas normalement, comme par exemple dépenser beaucoup d'argent d'un coup.
Wandrille s'interroge sur un test sanguin qui pourrait "détecter des cas de bipolarité". Raoul Belzeaux, psychiatre au CHU de Montpellier, s'intéresse aux troubles bipolaires depuis plusieurs années et travaille avec ses équipes sur un test sanguin pour détecter la bipolarité. Il explique qu'il s'agit pour l'instant "d'outils en cours de développement et en particulier d'un projet de biomarqueurs qui devraient aider les cliniciens à orienter leurs diagnostics." Lui et ses équipes travaillent donc sur l'élaboration d'un test sanguin de dépistage du trouble bipolaire. Leurs travaux de recherche ont reçu, en octobre dernier, le prix Dassault de l'innovation en psychiatrie remis par la fondation Fondamental.
Le professeur Belzeaux explique qu'il travaille sur ces tests afin de réduire le retard de diagnostic chez les personnes atteintes de troubles bipolaires, qui sont souvent confondus les premières années avec les troubles dépressifs. En moyenne, il faut entre cinq et dix ans pour atteindre le bon diagnostic avec le bon traitement pour un patient souffrant de bipolarité. Raoul Belzeaux ajoute que ces tests, quand ils seront sur le marché, "ne devront pas s'adresser à tout le monde. Ce qu'on veut, c'est détecter la bipolarité dans des situations où on a besoin de faire un diagnostic différentiel, c'est-à-dire différencier le trouble dépressif, par exemple, du trouble bipolaire." En effet, les traitements ne sont pas les mêmes pour ces deux troubles et les antidépresseurs peuvent même aggraver la pathologie d'une personne atteinte de bipolarité.
Le fluide sanguin en dit beaucoup sur l'état psychologique d'une personne
Camille demande au professeur Belzeaux s'il est vrai "qu'il y a une relation entre le fluide sanguin et l'état psychologique d'une personne".
Raoul Belzeaux lui répond que c'est vrai et il explique que "ce qu'on va appeler le fluide sanguin, c'est ce que contient le sang d'une personne, c'est-à-dire des cellules ou encore des protéines qui circulent à l'intérieur." Par exemple, détaille le psychiatre du CHU de Montpellier, "quand on suspecte un diabète, on va doser le sucre dans le sang et la présence de sucre dans le sang de façon excessive nous indique que la personne souffre de diabète." Et de même pour d'autres pathologies, y compris du cerveau, "on peut détecter un certain nombre de dysfonctionnements, d'anomalies, explique Raoul Belzeaux, en tout cas de différences entre des sujets sains et des sujets malades".
Oui, la bipolarité laisse des traces dans nos cellules sanguines
Méline se demande s'il est vrai "que la bipolarité laisse des traces dans les cellules sanguines".
Raoul Belzeaux lui répond que "c'est vrai, il y a beaucoup de résultats qui montrent qu'il y a une forme d'empreinte, de traces qu'on observe." Le professeur Belzeaux explique que "la maladie s'associe à des variations biologiques de différents ordres. Il y a des équipes qui ont, par exemple, montré qu'il y avait des marqueurs du vieillissement un peu plus importants chez les patients souffrant de troubles bipolaires que chez les sujets sains. Il y a donc effectivement une trace."
Raoul Belzeaux insiste sur cette notion de "trace", "parce que ça ne veut pas dire que c'est le mécanisme précis de la maladie, c'est juste un indice, comme quand on regarde dans la neige et qu'on voit la trace d'un animal, on se dit que cet animal est passé par là, comme la maladie est passée par là et est peut-être présente d'une façon ou d'une autre, mais ça ne nous donne pas exactement le mécanisme."
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