Présidentielle : y-a-t-il eu des irrégularités lors du premier tour ? Les candidats choisissent-ils les journalistes qui animeront le débat de l'entre-deux-tours ? Le Vrai du Faux junior
Dans le Vrai du Faux Junior, les élèves s'interrogent cette semaine sur la façon dont s'est déroulée le premier tour de l'élection présidentielle et sur le débat de l'entre-deux-tours, prévu mercredi 20 avril.
À l'approche du deuxième tour de l'élection présidentielle, les élèves du lycée Claude-Bernard, à Paris, ont des questions sur certains événements autour du premier tour et sur le débat de l'entre-deux-tours, prévu mercredi prochain entre les deux finalistes, Emmanuel Macron et Marine Le Pen.
Deux journalistes de franceinfo répondront aux questions des lycéens, Victoria Koussa, journaliste politique et Célyne Baÿt-Darcourt, journaliste médias.
Des messages vocaux ont-ils été envoyés avant le premier tour pour inviter à voter pour un candidat ? Est-ce légal ?
Lola a vu sur Instagram "qu'un candidat a envoyé des messages vocaux invitant à voter pour lui" quelques jours avant le premier tour. "C'est vrai", lui répond Victoria Koussa" et il y a même "deux candidats qui en ont envoyés". D'abord il y a Valérie Pécresse, la candidate Les Républicains, "dont on n'a pas beaucoup parlé", explique Victoria Koussa, "parce qu'elle a respecté les règles de la CNIL, la commission chargée de veiller au respect des règles avant l'élection."
Ensuite il y a Eric Zemmour qui est "accusé d'avoir oublié la mention obligatoire avant son message, qui permet au destinataire de s'opposer à ce démarchage politique par téléphone" résume la journaliste politique de franceinfo. En outre, l'équipe d'Eric Zemmour est aussi visé par une enquête pénale, ouverte le mardi 12 avril par le parquet de Paris pour une autre affaire liée au démarchage par SMS du parti Reconquête ! ciblant des Français de confession juive.
Un média russe a-t-il donné Marine Le Pen en tête au premier tour ?
Au premier tour de l'élection présidentielle, selon les résultats officiels du ministère de l'Intérieur, Emmanuel Macron est arrivé en tête avec 27,84% des voix, suivi de Marine Le Pen avec 23,15%. Pourtant, Maxence a vu un article sur les réseaux sociaux "qui dit que Marine le pen a été donnée gagnante par les médias russes".
"C'est vrai, lui répond Victoria Koussa, c'est l'agence russe Ria Novosti qui a donné cette information peu après 20 heures." Ce qui explique ce résultat, c'est que le média russe a utilisé les chiffres du ministère français de l'Intérieur, mais le problème, précise Victoria Koussa, c'est qu'il n'y avait que la moitié des bulletins dépouillés". Autrement dit, ce n'était pas les chiffres définitifs et sur ces bulletins, la candidate du Rassemblement national arrivait effectivement en tête.
Sauf que ça, c'était avant le dépouillement dans les grandes villes, où là, Emmanuel Macron est passé devant Marine le Pen pour finir par la distancer de trois points.
Est-ce que 200 électeurs ont été radiés sans raison de leur bureau de vote ?
Le jour du premier tour, sous le mot-clé "#fraude", on a vu passer de nombreux messages dénonçant notamment "des milliers d'électeurs radiés". Romain se demande si "200 électeurs ont vraiment été radiés sans raison de leur bureau de vote dimanche" ?
"Oui, lui répond Victoria Koussa, 200 électeurs à Marseille, mais il y en a eu des centaines d'autres ailleurs." La journaliste politique de franceinfo précise que "ce n'est pas lié à l'élection en elle-même, c'est plutôt administratif, car avant chaque scrutin, les listes électorales sont passées au cribles et si vous ne donnez pas de signe de vie, dans votre commune, on peut retirer votre nom".
Normalement l'électeur concerné est prévenu par courrier, mais il peut y avoir des ratés, notamment si votre adresse a changé. La Cellule Vrai du Faux de franceinfo avait vérifié, au lendemain du second tour, les"irrégularités" dénoncées sur les réseaux sociaux.
Est-ce que le débat de l'entre-deux-tours est obligatoire ?
Les étudiants du Lycée Claude-Bernard, à Paris, avaient aussi des questions sur le traditionnel débat qui oppose les deux finalistes de l'élection présidentielle avant le second tour. Cette année ça sera Emmanuel Macron face à Marine Le Pen, mercredi 20 avril, à 20 heures. Pauline se demande si ce débat de l'entre-deux-tours est "obligatoire" ?
"Non ce n'est pas obligatoire, mais c'est une tradition, un passage obligé, en quelque sorte pour les deux candidats à quelques jours du second tour" lui répond Victoria Koussa, et ce "depuis le tour premier débat, en 1974."
La journaliste du service politique de franceinfo rappelle néanmoins qu'un candidat a déjà refusé de se prêter à l'exercice, "c'était Jacques Chirac, en 2002, face à Jean-Marie Le Pen du Front national. Il avait déclaré dans un discours qu'il s'y opposait fermement car il ne voulait pas banaliser l'intolérance et la haine."
Est-ce le débat de l'entre-deux-tours est décisif pour les candidats ?
Toujours à propos du débat d'avant second tour, Pauline se demande si ce face à face entre les finalistes de l'élection présidentielle, "peut être décisif" ?
Pour Victoria Koussa, "oui on peut le dire, parce souvent, les électeurs se font leur avis au dernier moment et ce débat permet à chaque candidat d'ajuster son curseur, d'appuyer sur tel ou tel point de son programme ou d'attaquer l'autre."
Victoria Koussa rappelle aussi qu'il y a cinq ans, "Marine Le Pen a raté ce duel contre Emmanuel Macron et a perdu l'élection, c'est d'ailleurs pour ça qu'elle se retire deux jours à la campagne pour se préparer de manière intensive et pour ne pas rater la marche mercredi soir prochain."
La journaliste du service politique de franceinfo compare ce débat à un match avec souvent un gagnat et une perdant, mais "parfois il peut y avoir match nul, ce qui rend le second tour encore plus incertain."
Est-ce-que les candidats choisissent vraiment les journalistes qui vont animer le débat de l'entre-deux-tours ?
Pauline se demande comment les journalistes sont choisis pour animer ce débat de l'entre-deux-tours et c'est Célyne Baÿt-Darcourt, journaliste médias de franceinfo qui lui répond.
Elle explique qu'à chaque élection, ce sont les chaînes de télévision, en l'occurence TF1 et France 2, qui proposent des noms et qui organisent ce débat de l'entre-deux-tours. Célyne Baÿt-Darcourt précise qu'il faut "respecter la parité, homme femme, et que les personnes sélectionnées soient des journalistes." Les chaînes proposent, mais les candidats ont ensuite un droit de regard, il peuvent accepter ou refuser les noms qui leur sont proposés. Célyne Baÿt-Darcourt explique que les candidats "doivent se mettre d'accord et ça n'est jamais simple, car à chaque fois des candidats retoquent un journaliste."
Par exemple, en 2017, Marine Le Pen n'avait pas voulu que ce soit Anne-Claire Coudray qui anime ce débat. La journaliste média de franceinfo, rappelle aussi qu'en 1981, "François Mitterrand avait édicté une liste de 21 règles à respecter pour ce débat de l'entre-deux-tours, il imposait notamment des journalistes et Valéry Giscard d'Estaing, qui était son adversaire, avait accepté toutes ces conditions".
Cette année, Marine Le Pen et Emmanuel Macron ont dit qu'ils ne voulaient pas qu'Anne-Sophie Lapix, présentatrice du 20 heures de France 2, anime le débat de l'entre-deux-tours de mercredi prochain. Ce seront finalement Gilles Bouleau pour TF1 et Léa Salamé pour France 2, qui animeront ce débat mercredi 20 avril, à 20 heures et pour un peu plus de deux heures.
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