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L'étrange emballement autour de kidnappeurs d'enfants dans le Gard

C'est l'histoire d'un emballement général autour d'un "couple de Roumains" qui cherche à enlever des enfants dans le Gard et l'Hérault.
Article rédigé par Antoine Krempf
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (Un mot de correspondance pour alerter les parents sur des tentatives d'enlèvement d'enfants dans le Gard © Capture d'écran Facebook)

La rumeur a rapidement enflé après la publication d'une photo du cahier de correspondance d'un élève de l'école d'Aubais, dans le Gard. "Objet : mise en garde - tentative enlèvement enfant" , dit le texte issu d'un " communiqué de la gendarmerie d'Aimargues ". Il précise ceci : "nous avons été avisé de 5 faits de tentatives d'enlèvement d'enfant sur le Gard et l'Hérault commis par deux personnes (à priori un homme et une femme) au volant d'un fourgon blanc. " Depuis sa publication, cette image a été partagée à plusieurs centaines de reprises.

Sauf que... 

Comme souvent dans les rumeurs, cette histoire se base sur des faits, des couacs et des "rapprochements hasardeux ". 

Premier élément : la fausse alerte enlèvement. Jeudi 1er octobre, un agent du CHU de Montpellier envoi un courrier électronique à ses confrères de tous les hôpitaux de la région. Le message explique que "le commissariat de police de Montpellier a diffusé une alerte en fin d'après-midi sur la présence suspecte d'un couple de roumains, qui rôde dans la région à la recherche d'enfants. Ils ont été signalés à plusieurs endroits dans l'Hérault et le Gard depuis deux semaines ".

Le message laisse notamment entendre qu'un kidnapping a été évité de justesse dans une clinique nîmoise. Quelques heures plus tard, la page Facebook de l'Office du tourisme de la ville de Barjac relaie une "note au parents", évoquant "la présence d'un couple qui abordent des enfants. Cette information a même été relayée par des centres hospitaliers" : près de 200 partages sur le réseau social.

Interrogé deux jours après le message d'alerte par le Quotidien du médecin , le commissariat de Montpellier assure qu'il n'y a eu "aucune tentative d'enlèvement, juste le signalement d'un couple au comportement suspect ". La Direction départementale de la sécurité publique précise au quotidien qu'il s'agit de "raccourcis faits par notre interlocuteur du CHU avec qui nous avons seulement conversé au téléphone ". 

Boule de neige... 

Une rumeur et un démenti; l'histoire aurait pu s'arrêter là. Sauf qu'elle s'est donc retrouvée deux jours plus tard sur le cahier de correspondance d'un élève de l'école d'Aubais, à 40 km de Montpellier.

La police municipale de la ville explique avoir reçu le signalement  de la gendarmerie voisine d'Aimargues. "Par précaution ", le message a été transmis à l'encadrement de l'école et l'un des instituteurs a décidé d'alerter les parents. "Une mère de famille a ensuite fait des photocopies " et la rumeur s'est retrouvée sur les réseaux sociaux.

D'après cette version, outre l'agent du CHU de Montpellier, la brigade d'Aimargues aurait donc également décidé de relayer l'histoire des deux kidnappeurs aux polices municipales.

"C'est un malentendu ", explique le commandant du groupement de gendarmerie du Gard, "il y a eu des rapprochements hasardeux  qui n'auraient pas dû être faits  entre plusieurs élements distincts ".

Quels éléments ?

Un fourgon blanc suspect a par exemple bien été signalé par un enfant de la ville de Meynes début octobre. Mais il ne s'agissait pas de tentative d'enlèvement d'après le Groupement de gendarmerie du Gard.

De son côté, le commissariat de police de Nîmes évoque "le signalement d'un couple au comportement suspect" à la clinique Kennedy. Mais "seule une main courante a été désposée", d'après le Quotidien du médecin. 

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