La vidéo du jeune héros syrien était une fiction norvégienne
La vidéo originale d'un peu plus d'une minute n'est désormais plus visible sur Youtube. Mais avant d'être "retirée par l'utilisateur", elle a été visionnée à plus de quatre millions de reprises ces derniers jours. Il faut dire qu'elle est impressionnante.
On y voit "un jeune garçon syrien " traverser une rue malgré des tirs de snipers pour aller récupérer "sa petite soeur " coincée derrière la carcasse d'une voiture. L'image est de mauvaise qualité, le cadre bouge constamment comme si la vidéo était tournée avec un téléphone portable. En arrière-plan, on entend des commentaires en arabe, dont de nombreux "Allahu akbar".
Le problème, c'est que cette vidéo n'a pas été tournée en Syrie. Il s'agit d'un film réalisée à Malte par Lars Klevberg dans un décor qui a notamment servi au tournage du film Gladiator . "Les deux enfants sont des acteurs maltais. Les voix en arrière-plan sont celles de réfugiés syriens vivant à Malte", explique le réalisateur norvégien à la BBC. Une autre vidéo montre d'ailleurs les coulisses de ce tournage co-financé par l'Institut du film norvégien et le Conseil de l'art norvégien.
Le problème, c'est que rien n'identifie cette vidéo comme une fiction. Ce qui ne dérange pas Lars Klevberg : "Si les gens pensent que c'est une vraie vidéo, ils la partageront et réagiront avec beaucoup d'espoir. L'idée c'était aussi de créer un débat autour de la guerre et des enfants. Par ailleurs, il s'agissait de voir comment les médias réagissent face à une vidéo de ce genre ", explique-t-il à la BBC.
Condamnation des ONG internationales
En l'occurence, la vidéo est devenue virale à partir du moment où elle a été relayée par Shaam News, un média spécialisé dans la publication de vidéos amateurs tournées en Syrie... et réputé pour son sérieux par beaucoup de médias traditionnels, comme le précise France 24.
Mais "l'expérience" n'est pas du goût de plusieurs ONG. "En publiant cette vidéo truquée, Klevberg a rendu la tâche plus facile aux criminels de guerre dans le sens où elle décridibilise les véritables images tournée en Syrie. Le public pourrait également désormais douter des images qu'ils voient de la guerre ", dénonce Fred Abrahams, le chef de la division enfance chez Human rights watch. Le producteur norvégien du film a finalement présenté ses excuses à la BBC.
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