Ryanair ne transportera pas de réfugiés en Europe
Le communiqué de presse tombe le 30 septembre. Tamponné par un beau logo, il est intitulé "Rynafair" et annonce une campagne choc de la compagnie aérienne Ryanair : pour rappeler les gouvernements européens à leurs responsabilités, la compagnie allait, à compter du 12 octobre, transporter des réfugiés venus du Moyen-Orient depuis les frontières de l'Europe jusqu'aux pays de l'UE les plus éloignés.
Cette campagne bénéficiait d'un site internet dédié : http://www.ryanfair.org/. Il annonçait des vols depuis la Grèce et l'Europe de l'est jusqu'en Allemagne, au Danemark, en France, en Espagne et en Italie. "Notre mission : rendre le voyage aérien accessible au plus grand nombre ", y expliquait Kenny Jacobs, chef du marketing de la compagnie.
Le réalisme du document d'une part et la réputation d'excentricité du patron de Ryanair, Michael O'Leary, ont poussé certains médias à prendre l'information au sérieux.
Mais en fait...
En fait il s'agit d'un faux communiqué de presse monté de toutes pièces. Les déclarations du patron du marketing de Ryanair, Kenny Jacobs, ont été inventées, assure la compagnie sur son compte Twitter :
Statement RE refugees issue: The comments attributed to Kenny Jacobs are entirely fictitious & there is no truth to these claims whatsoever.
— Ryanair (@Ryanair) September 30, 2015
Le détournement est revendiqué signé "Luther Blissett". Le nom de d'origine jamaïcaine, connu pour rater des occasions en or au Milan AC, a été repris dans les années 90 par un groupe d'artistes et d'activistes italiens qui entendaient dénoncer les dérives de la société médiatique : tant les médias eux-mêmes que les entreprises ou les structures publiques qui font passer leur propagande par ce canal. leur fait de gloire est le piratage d'une émission de télévision populaire équivalent de Perdu de vue. Une sorte de réflexion autour du mythe de la caverne de Platon sur la fausseté des apparences. Difficile de savoir s'il s'agit vraiment d'une renaissance de ce collectif, qui a inspiré plus tard les Yes Men ou Anonymous.
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