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Christian Jacob dit-il vrai sur la fin du cumul des mandats ?

Le patron des députés UMP estime que sans cumul d'un mandat local et national, la classe politique sera "composée d'apparatchiks, de fonctionnaires, de gens qui ne connaissent rien de la vie réelle". "J'ai besoin d'avoir des parlementaires qui soient ancrés sur le terrain, qui aient une activité professionnelle avant et qui pourront en avoir une après", ajoute-t-il ? Vrai ou faux ? Réponse ici.
Article rédigé par franceinfo
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Faux sur le "terrain"

Christian Jacob oublie de dire que la loi sur le non cumul empêchera les parlementaires de cumuler leur mandat avec une fonction exécutive locale. Ils pourront toujours être conseillers municipaux, départementaux ou régionaux et rester ainsi en prise avec le terrain.
Par ailleurs, rien n'empêchera un homme politique d'être maire pendant de longues années par exemple avant de bifurquer vers l'Assemblée ou le Sénat en ayant accumulé une forte expérience locale.

Denys Pouillard, directeur de l'Observatoire de la vie politique et parlementaire estime qu'il "va y a voir deux classes politiques. Une classe politique nationale mais qui pourra toujours venir du local et qui pourra demain se reconvertir le jour où elle quittera le national pour aller vers le local".

Faux sur les fonctionnaires

Christian Jacob affirme aussi qu'il ne veut pas d'une "classe politique composée de fonctionnaires" . Mais aujourd'hui déjà, sans la loi sur le non cumul, environ la moitié des députés est issue de la fonction publique. 55% dans l'Assemblée actuelle dominée par la gauche, et 49 % en 2007 dans une Assemblée dominée par la droite, selon des calculs de l'Institut Diderot.

Ensuite, la loi sur le non cumul conduira-t-elle à une sorte de fonctionnarisation du Parlement, avec des députés et sénateurs qui ne pourraient plus arrêter ou reprendre à leur guise leur activité professionnelle ?  
Aujourd'hui déjà, les allers-retours sont rares entre la vie politique et l'activité professionnelle d'origine. Denys Pouillard remarque qu'en moyenne, un député fait quatre mandats (20 ans de députation), mais parfois, c'est 30 ans, ce qui est très long. Et beaucoup de députés n'ont finalement connu que la politique.

Denys Pouillard précise que "quand on regarde le vrai camembert de la l'Assemblée nationale à l'heure actuelle, vous avez aux environ de 27 à 28% - c'est énorme – de gens sans activité professionnelle bien définie, des assistants parlementaires, des membres de cabinet, des conseillers en communication. Donc, le jour où ils sont battus ça pose un  problème. Ces gens, rentrés très jeunes en politique, sont condamnés à être réélus". 

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