"Climatoscepticisme" ou "dénialisme" : trois décennies à fabriquer des controverses pseudo-scientifiques

En cette période de fête, franceinfo décrypte les mots liés à la désinformation. Né aux États-Unis il y a 30 ans, le "climatoscepticisme" s'épanouit sur les réseaux sociaux alors que le réchauffement climatique fait l'objet d'un consensus scientifique.
Article rédigé par franceinfo
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En France, les discours climatosceptiques ont émergé à la fin des années 2000, avec la figure très médiatique de Claude Allègre, géologue et ministre de l'Education entre 1997 et 2000. (VICTOR DE SCHWANBERG/SCIENCE PHO / SCIENCE PHOTO LIBRARY RF)

Est-il encore pertinent d'employer le terme "climatosceptique" en 2025, alors que l'origine humaine du réchauffement climatique fait l'objet d'un consensus scientifique depuis une quinzaine d'années ? Certains chercheurs utilisent désormais le terme "dénialiste" (de l'anglais "to deny", nier) ou plus rarement climato-négationniste, estimant que remettre en cause ce phénomène relève du déni et non pas du doute. 

Une stratégie initiée par le lobby pétrolier

L’expression "climatosceptique" est née il y a une trentaine d'années, au milieu des années 1990, aux États-Unis. Des think tank proches du parti Républicain ont fait alliance avec le lobby pétrolier pour tenter de discréditer dans les médias les études démontrant l'origine anthropique du réchauffement climatique.

Ils ont utilisé la stratégie du doute déjà éprouvée par le lobby du tabac : faire intervenir des scientifiques non spécialistes du climat, des géologues notamment, pour contester les arguments des climatologues du GIEC (le groupe international sur le changement climatique).

Claude Allègre, figure de proue des climatosceptiques

En France, les discours climatosceptiques ont émergé plus tard, à la fin des années 2000, avec la figure très médiatique de Claude Allègre. Cet ancien ministre de l’Éducation nationale, géologue de formation, a affirmé avec force que le deuxième rapport du Giec, le groupe international sur l’évolution du climat, était une “fausse alerte”. Et même un danger imaginaire inventé par des lobbies.

S'il reconnaît l'augmentation de la température moyenne globale de la Terre, Claude Allègre en conteste l'origine humaine. Et son argumentaire trouvera un large écho dans la presse. "Peut-il avoir raison contre tous ?", s'interroge Le Point qui, en avril 2010, consacre une longue interview au géologue qui a quitté le gouvernement depuis dix ans. Quinze ans plus tard, le géologue n'a toujours pas reconnu son erreur.

Le réseau X, épicentre du climatoscepticisme

Claude Allègre a disparu du paysage médiatique mais les attaques contre les climatologues, elles, se poursuivent. Le terrain de prédilection des climatosceptiques ce sont les réseaux sociaux. Et en particulier X. Insultes, caricatures, montages... Les climatologues sont, depuis quelques années en France, victimes d’attaques ad hominem par un petit réseau anti-climat bien structuré et virulent. Une communauté qui s’inspire de la mouvance américaine “dénialiste”. Des hommes, en grande majorité, qui mélangent discours anti-science, antivaccin et antisystème.

C’est ce qu’avait montré une vaste étude du CNRS publiée l’année dernière (2023). Selon ces chercheurs, l’arrivée d’Elon Musk à la tête de Twitter en 2022 a décuplé le phénomène. Grâce au nouvel algorithme du réseau, la rhétorique climatosceptique est surreprésentée par rapport à son poids réel dans la société.

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