Covid-19 : les vaccins sont-ils toujours "en phase d'étude" et les labos dégagés "de toute responsabilité", comme l'affirme Nicolas Dupont-Aignan ?
Opposé à la vaccination obligatoire, le président de Debout la France explique que l'on ne peut imposer aux Français de prendre un produit toujours à l'étude et dont le fabricant s'est désengagé de toute responsabilité. Sauf que ce n'est pas le cas.
Faut-il rendre la vaccination obligatoire pour les soignants ? "On n'impose pas à quelqu'un de prendre un produit qui est toujours en phase d'étude. On n'impose pas à quelqu'un de prendre un produit, un vaccin, dont le fabriquant se désengage de toute responsabilité", a répondu le président de Debout la France, Niclas Dupont-Aignan, interrogé mardi 6 juillet, sur CNews. Ces arguments, par ailleurs régulièrement employés par les "antivax", sont pourtant inexacts.
«On ne peut pas imposer à des personnes, des êtres humains, des vaccins qui sont toujours en phase d'études [...] Des produits dont le fabriquant se désengage de toutes responsabilités», Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la France dans #LaMatinale pic.twitter.com/mQ8V89QaJ3
— CNEWS (@CNEWS) July 6, 2021
Des études complémentaires "classiques"
Nicolas Dupont-Aignan, comme de nombreux "antivax" laisse entendre que nous serions des cobayes pour ce vaccin contre le Covid. Affirmer tel quel que le vaccin est toujours en phase d'étude peut-être très trompeur. Avant d'être commercialisé, tout vaccin doit subir trois phases de tests incontournables. Les vaccins les plus utilisés en France, Pfizer-BioNTech et Moderna, ont bien subi ces trois phases et ont obtenu une autorisation de mise sur le marché. Il est vrai que la phase 3 se poursuit pour ces vaccins. Pour Pfizer elle doit durer jusqu'en 2023, 2022 pour Moderna.
L'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) explique que "ces procédures sont habituelles dans la conception de tout médicament". Selon l'ANSM, les laboratoires se sont "engagés à poursuivre des essais cliniques complémentaires" mais les principaux résultats nécessaires à une mise sur le marché sont déjà connus. Pfizer et Modena ont pu commencer à commercialiser leurs vaccins car ils ont validé les critères nécessaires en matière de sécurité et de qualité. C'est d'ailleurs grâce à ces résultats que l'on sait que le vaccin Pfizer est efficcace à 95%.
Les analyses complémentaires qui se poursuivront jusqu'en 2022 et 2023 correspondent à des études cliniques qui permettront notamment de mieux cerner l'efficacité à long terme de ces produits. Selon l'ANSM, elles permettront par exemple d'obtenir des précisions sur "le maintien ou la baisse de la réponse immunitaire dans le temps, évolution de l’efficacité vaccinale plusieurs mois après la vaccination, la nécessité d’un rappel, l'efficacité sur des variants, la fréquence de survenue des effets indésirables".
Les laboratoires restent responsables
Par ailleurs, concernant la responsabilité des fabricants, la Commission européenne est claire, la responsabilité reste celle des entreprises. Il est vrai que les laboratoires ont fait pression au moment où ils ont négocié les contrats avec l'Europe. Ils ont demandé à ce que les risques financiers soient partagés en cas de plainte d'un patient.
Ces contrats ne sont pas publics, mais la ministre déléguée chargée de l’Industrie Agnès Pannier-Runacher a expliqué sur franceinfo, qu'un seul cas de figure pourrait contraindre l'Europe à mettre la main à la poche. Il s'agit du cas où un épisode "nuisible", "pas connu" des autorités ni du laboratoire survenait. La ministre a également rappelé que le fonds français d'indemnisation des accidents médicaux pourrait aussi indemniser les victimes. Agnès Pannier-Runacher a toutefois assuré que toute négligence d'un laboratoire finirait bien devant les tribunaux.
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