Crise climatique : les Alpes se réchauffent-elles deux fois plus que la moyenne de la planète, comme l'affirme Sandrine Rousseau ?

La députée écologiste de Paris Sandrine Rousseau affirme que la température dans les Alpes se réchauffe deux fois plus que la température moyenne sur Terre. Cette affirmation est vraie.
Article rédigé par Mathilde Bouquerel
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le glacier de Saint-Sorlin dans les Alpes françaises le 31 décembre 2021 (BENJAMIN POLGE / HANS LUCAS)

La France suffoque actuellement sous une vague de chaleur, la Savoie et la Haute-Savoie sont en vigilance orange canicule mardi 30 juillet. Or, ce sont les Alpes qui accueilleront les Jeux olympiques d'hiver en 2030. Et ce n'est pas une bonne idée, selon la députée écologiste Sandrine Rousseau. "Je rappelle qu'à chaque fois qu'il y a + 1 degré dans le monde en moyenne, les Alpes, elles, se réchauffent de + 2 degrés, affirme-t-elle. C'est-à-dire qu'on multiplie par deux le réchauffement planétaire moyen."

Cette affirmation est globalement vraie. Selon Météo France, au cours du XXe siècle, les Alpes ainsi que les Pyrénées se sont réchauffées quasiment de 2 degrés alors qu'en moyenne, la température sur Terre a augmenté d'un peu plus de 1 degré sur la même période. Les Alpes se sont donc réchauffées deux fois plus que la moyenne sur Terre.

Pas d'effet bénéfique des océans

Et cela s'explique par plusieurs facteurs. D'abord, les Alpes sont situées sur le continent, loin de l'océan. Or, les surfaces continentales se réchauffent plus vite que les océans, qui absorbent la chaleur et font donc baisser la température. Deuxième facteur : les Alpes sont situées en Europe de l'Ouest, où les températures ont augmenté plus fortement que dans la plupart des autres régions du monde depuis quarante ou cinquante ans. Dans les années 1950/1960, ces pays ont fait des efforts pour produire moins de particules de soufre, émises notamment par le charbon. Ils voulaient ainsi rendre l'air plus propre, plus respirable. Problème : ces particules de soufre avaient aussi un effet refroidissant. 

Enfin dans les Alpes, il y a aussi de moins en moins "d'albédo", la capacité d'une surface à réfléchir les rayonnements du soleil. Plus un sol est clair, couvert de neige blanche, par exemple, plus il va renvoyer les rayonnements du soleil. Au contraire, quand la neige fond, le sol devient plus sombre. Il renvoie moins de rayonnements, il les absorbe et la température augmente. C'est un phénomène qu'on observe surtout sur la banquise et la toundra arctique. Il est plus marginal en montagne.

Les glaciers européens, condamnés à disparaître 

Les Alpes vont probablement continuer à se réchauffer plus rapidement que la moyenne de la planète, d'après Samuel Morin, chercheur à Météo-France et au CNRS. Le manteau neigeux sur des Alpes ne pourrait être stabilisé que si on arrêtait totalement les émissions de carbone. Quant aux glaciers en revanche, c'est déjà trop tard. On a déjà dépassé les températures qui permettraient de les conserver. Selon les scientifiques, la grande majorité des glaciers d'Europe va donc fondre et disparaître au cours de ce siècle.

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