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Laurence Parisot dit-elle vrai sur l'ampleur du déficit des retraites ?

D'ici à 2020, "le déficit cumulé de l'ensemble de tous nos régimes de retraite sera de 200 milliards d'euros. C'est un mur", affirme la présidente du Medef. Vrai ou faux ?
Article rédigé par franceinfo
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Aussi énorme que cela puisse
paraître, c'est VRAI .

La patronne des patrons se base sur
le rapport du Conseil d'orientation des retraites publié en janvier dernier (en version pdf ci-dessous). Dans
ce douzième rapport, le COR dresse le bilan des besoins de financement des
régimes de retraite, c'est-à-dire leur déficit : 14 milliards d'euros en 2011,
ce sont les derniers chiffres consolidés. Dans ces 14 milliards, il y a notamment 6 milliards de déficit du régime
général, et 4 milliards des complémentaires retraite du privé (AGIRC et ARRCO).

Mais le Conseil fait aussi des
projections sur l'état du financement des retraites à plus
long terme : 2020, 2040 et même 2060. Si on ne change rien, si on en reste à la
réforme Sarkozy de 2010 et aux quelques mesures prises depuis par la gauche, en
2020, il manquera 20 milliards d'euros pour équilibrer les différents régimes
de retraite : 8 milliards pour les complémentaires du privé, 7 milliards pour
les retraites des fonctionnaires, et 5 milliards pour le régime général.

Scenario catastrophe pour 2040

Cumulons tous les déficits annoncés
jusqu'à 2020 et l'on arrive bien à un total d'environ 200 milliards d'euros. Le
Conseil d'orientation des retraites l'exprime autrement que par ce chiffre astronomique
: en pourcentage du PIB. Deux-cents milliards, c'est un peu plus de 8 % du
PIB, l'ensemble des richesses produites en un an en France.

Ce déficit cumulé pourrait même atteindre en 2040, 15 à 50 % du PIB, si
aucune réforme structurelle n'était engagée d'ici-là.

Pourtant, la réforme des retraites
bouclée par l'équipe Sarkozy était censée ramener l'équilibre en 2020. Alors d'où
vient ce dérapage? Sans doute d'une mauvaise évaluation des effets de cette
réforme, qui ont été surestimés. Mais surtout d'une dégradation importante de
la conjoncture depuis : la réforme des retraites a été bouclée sur des
prévisions de croissance qui ne se sont jamais réalisées.

La réforme Sarkozy, portant
notamment sur l'âge du départ à la retraite, a-t-elle pour autant permis de
limiter les dégâts ? La réponse est oui. Selon les calculs du Conseil
d'orientation des retraites, sans cette première réforme, le déficit en 2020
serait porté, non pas à 20, mais à 40 milliards d'euros.
On a donc accompli la
moitié du chemin, l'autre moitié est à la charge de la Commission "pour
l'avenir des retraites", qui a été installée la semaine dernière
par
Jean-Marc Ayrault. 

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