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Le bâtonnier de Paris dit-il vrai sur les "fous en prison" ?

Le bâtonnier du barreau de Paris Pierre-Olivier Sur affirme qu'il y a "25 % de fous en prison". Vrai ou faux ? Réponse ici.
Article rédigé par Gérald Roux
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
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Faux

Les différents spécialistes contactés expliquent plusieurs choses à ce sujet. D'abord, on ne parle pas de "fous". Ce mot frappe les esprits, mais ce n'est pas une appellation clinique.
Il faut donc savoir ce dont on parle. Le Dr Pierre Lamothe a été psychiatre dans les prisons pendant 40 ans : "Si l'on se met d'accord pour dire que l'on parle de la psychose, c'est moins (que 25%, NDLR). Il y a 15% de psychotiques. Dans les psychotiques, on peut mettre les troubles de personnalité graves, psychotiques, mais aussi les vrais schizophrènes avec perte de contact avec la réalité, quelques paranoïaques ".

Le chiffre de 15% avancé par le Dr Lamothe est une fourchette haute. D'autres spécialistes estiment le nombre de psychotiques entre 10% et 15%. Quoi qu'il en soit, la France présente un taux de psychotiques en prison comparable aux autre pays industrialisés. 

Trouble de l'humeur

Avec les personnes atteintes de dépression ou de troubles de l'anxiété, on dépasse la barre des 50% de personnes souffrant de troubles mentaux en prison. La dépression et les troubles de l'anxiété frappent surtout les détenus qui entrent en détention plutôt que ceux qui y sont installés depuis longtemps.

Jean-Louis Senon, professeur de psychiatrie à l'Université de Poitiers où il enseigne aussi la criminologie explique que ces pathologies se retrouvent "surtout dans les premiers temps de la détention, au moment où se développe l'instruction, et puis peu de temps avant le jugement, notamment si c'est un jugement d'assises ". Il ajoute qu'"on sait que les prévenus sont mal dans ces moments-là et on les accompagne particulièrement dans ces moments redoutables où des troubles dépressifs et des troubles anxieux sont très fréquents ".

Mad, Sad, Bad

Trois grandes catégories de détenus ont été définies par la britannique Dorothy Speed, qui était médecin chef pour les prisons de Londres. Elle affirmait qu'il y avait les "Mad", les "Sad" et les "Bad". "Mad" pour les psychotiques, "Sad" pour les  dépressifs et anxieux et "Bad" pour les mauvais, les pervers, les méchants. Ces derniers n'ont pas de problèmes mentaux.

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