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Le lycée Colbert de Thionville a-t-il changé de nom à cause "des mouvements décoloniaux", comme l'affirme le Rassemblement national ?

Le RN dans le Grand-Est a dénoncé ce changement de nom en affirmant qu'il s'agit d'une "dictature de l'émotion". Sauf que si le nom du lycée va bien changer, ce n'est pas pour les raisons avancées par le Rassemblement national. La région Grand-Est a d'ailleurs porté plainte après un "déferlement" de commentaires diffamatoires. 

Article rédigé par Thomas Pontillon
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Un tweet du Rassemblement national après l'annonce du changement de nom du lycée Colbert.  (CAPTURE ECRAN)

De nombreux messages partagés des centaines de fois depuis le 19 juin fustigent le futur nom du lycée de Thionville (Moselle). Il s'appelait jusqu'à maintenant lycée Colbert - Sophie-Germain et il s'appellera bientôt lycée Rosa-Parks, du nom de cette figure américaine de la lutte contre la ségrégation raciale, qui avait refusé de laisser son siège à un Blanc dans un bus en Alabama. 

Ce nouveau nom a fait bondir les élus du Rassemblement national dans la région qui sont à l'origine des premiers messages sur les réseaux sociaux. Ils y ont dénoncé une "dictature de l'émotion" dans le sillage des manifestations antiracistes après la mort de George Floyd. Une décision "racialiste" qu'ils comparent au déboulonnage des statues, dans un tweet relayé par Marine le Pen elle-même. Cette affirmation du Rassemblement national est en grande partie fausse. Si le nom du lycée va bien changer prochainement, ce n'est pas pour les raisons avancées par le parti. La cellule Vrai du Faux vous explique. 

Un nouveau nom choisi par les lycéens 

Le lycée va effectivement changer de nom pour s'appeler Rosa-Parks mais il ne s'agit pas de gommer un nom de l'Histoire de France. La raison est beaucoup plus simple : le lycée Colbert a fusionné avec un autre établissement, le lycée Sophie-Germain, et il a été proposé aux élèves de chercher un nouveau nom. Ce sont donc les lycéens eux-mêmes, après un travail pédagogique, qui ont choisi Rosa Parks. "Le nom de Rosa Parks a été retenu dans une sélection comprenant également Simone Veil et Wangari Muta Maathai", précise la région dans un communiqué. Ces autres noms "sont conservées pour nommer des salles à l’intérieur de l’établissement. Cette sélection a été établie par rapport aux propositions des élèves dans le cadre de la consultation". 

Si le Rassemblement national s'empare de ce sujet maintenant, c'est parce que la région vient de dévoiler le nouveau nom. Mais cette décision ne s'est pas faite pas sous le coup de l'émotion car elle a été tranchée en avril dernier, bien avant les manifestations récentes. Le conseil régional du Grand-Est affirme d'ailleurs que ce changement "est déconnecté de toute contingence politique". Le président (LR) de la région, Jean Rottner, a annoncé mercredi soir avoir déposé plainte à la suite d'un "déferlement" de commentaires diffamatoires sur les réseaux sociaux et dans des médias, orchestrés selon lui par le RN. Il dénonce une "campagne haineuse". 

Un autre nom refait surface avec cette histoire 

Dans son communiqué de presse, le RN rappelle que l'an dernier ils avaient proposé de rebaptiser un lycée au nom d'Arnaud Beltrame, le gendarme tué par un terroriste à Trèbes (Aude), en 2018. Ils affirment que cette proposition avait été rejetée "d'un revers de la main", sauf que là aussi, c'est faux. La proposition avait été soumise au vote avant d'être rejetée, comme l'atteste la vidéo de la séance plénière. 

La majorité Les Républicains du Grand-Est avait expliqué qu'ils préféraient que ce soit les élèves qui décident d'un nouveau nom plutôt que la région. C'est à dire exactement le même processus que pour le lycée Rosa-Parks de Thionville.

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