Le vrai du faux. Le nombre de jets privés a-t-il augmenté de 64% en un an, comme le dit Marine Tondelier ?
Les députés écologistes veulent interdire les jets privés. C'est ce qu'ils ont proposé jeudi 6 avril à l'Assemblée nationale, même si leur proposition de loi portée dans le cadre de leur journée réservée au Palais Bourbon n'a pas pu être votée, faute de temps. Le gouvernement, opposé à une interdiction, proposera une "écocontribution revue à la hausse" en 2024 pour l'aviation commerciale privée, a annoncé jeudi le ministre des Transports Clément Beaune.
En attendant, selon Marine Tondelier, la secrétaire nationale d'Europe Ecologie-Les Verts, ces jets sont de plus en plus nombreux. Elle a même avancé un chiffre précis, sur franceinfo : "En 2022, l'utilisation des jets privés a augmenté de 64%."
570 000 vols privés en Europe
C'est le chiffre avancé par l'ONG Greenpeace, qui a recensé tous les vols privés ayant décollé et atterri dans un pays européen sur la période 2020 à 2022, et effectivement il y a bien un bond de 64%. Si on parle en valeur absolue, on est passé en Europe de 350 000 vols privés en 2021 à un peu plus de 570 000 l'an dernier.
La France fait partie des pays ou il y a le plus de vols privés puisque nous sommes le 2e pays en Europe ou il y a eu le plus de vols privés, juste derrière le Royaume-Uni. Greenpeace recense un peu plus de 85 000 jets qui ont décollé ou ont atterri dans un aéroport français l'an dernier. D'ailleurs, deux villes françaises se détachent nettement et font partie des dix trajets européens de vols privés les plus empruntés l'an dernier. Il s'agit de Paris et Nice qui desservent notamment Londres et Genève.
Des trajets souvent courts
Autre particularité de ces vols privés : il s'agit la plupart du temps de trajets très courts. Plus de la moitié de ces vols relient deux villes à moins de 750 kilomètres avec parfois des solutions moins polluantes, comme le train entre Paris-Londres ou Paris-Genève. Certains trajets sont même encore bien plus courts, qu'on pourrait faire facilement en voiture, puisque l'an dernier il y a eu 157 vols par exemple entre Nice et cannes, alors qu'il y a une vingtaine de kilomètres seulement entre les deux villes.
Comment expliquer cet essor des jets privés ? C'est difficile d'avancer une seule raison, mais selon Greenpeace, le Covid a beaucoup joué. Pendant deux ans, les grandes compagnies commerciales ont cloué au sol une partie de leur flotte avant d'enchaîner des difficultés de recrutement de personnels. Bilan : à la fin de l'année dernière, le trafic mondial n'avait pas encore retrouvé son niveau d'avant pandémie, ce qui a probablement poussé certains clients, notamment d'affaires, à se tourner vers les jets.
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