Le secteur des transports est-il le seul à ne pas avoir réduit ses émissions de gaz à effet de serre depuis trente ans, comme l'affirme Karima Delli ?
Pour Karima Delli, eurodéputée EELV, les transports sont le très mauvais élève du climat. "Dans notre pays, le transport est le premier secteur émetteur de gaz à effet de serre, et c'est le seul secteur que l'on n'arrive pas à réduire depuis 1990. Alors qu'il y a urgence", a-t-elle affirmé vendredi 4 août sur Europe 1.
C'est exact, puisque le secteur des transports représente plus d'un tiers des émissions de gaz à effet de serre en France, avec 128 millions de tonnes équivalent CO2 en 2021, d'après le Citepa, l'organisme qui recense les gaz à effet de serre émis sur le sol français. Les voitures, les poids lourds, les navires, les avions polluent plus que l'agriculture, le bâtiment et l'industrie.
+3% d'émissions de gaz à effet de serre entre 1990 et 2021 pour les transports
En France les émissions de gaz à effet de serre ont globalement diminué de 23% entre 1990 et 2021. Sur la même période, celles spécifiquement liée aux transports ont augmenté de 3%. C'est même une hausse de 9%, si on regarde l'année 2019, avant le Covid. Et c'est effectivement le seul secteur où ça grimpe, note le portail "notre-environnement".
La circulation sur la route représente le plus gros de cette pollution. "Les émissions liées à la circulation routière incombent à hauteur de 54 % aux véhicules particuliers, de 24 % aux poids lourds et de 20 % aux véhicules utilitaires légers", détaille le portail gouvernemental. A noter que le Citepa, conformément aux conventions internationales, exclut du total national les transports internationaux aériens, maritimes et fluviaux. Seules sont prises en compte les émissions des déplacements effectués entre deux ports ou aéroport localisés en France. Dans le détail, les émissions de gaz à effet de serre du transport routier ont beaucoup augmenté entre 1990 et 2004. Puis elles ont un peu baissé en 2008, et depuis ça ne bouge plus.
Le poids des véhicules a beaucoup augmenté
Plusieurs raisons expliquent cette stagnation. Le contexte global est une hausse continue du trafic : chaque année depuis 60 ans, il y a toujours plus de véhicules sur les routes. Certaines mesures ont permis de limiter l'augmentation des émissions, comme les normes des moteurs, qui sont plus efficaces, moins énergivores. Par ailleurs la vitesse a beaucoup diminué.
Sauf que dans le même temps, d'autres facteurs sont venu contrebalancer ces efforts. Le Citepa évoque d'abord la très forte augmentation des ventes de SUV qui sont très lourds. En trente ans les voitures neuves en France se sont alourdies de 300 kilos en moyenne pour atteindre plus d'1,2 tonne aujourd'hui, indique l'Ademe. Par ailleurs, le transport des marchandises se fait de plus en plus par camion (+56% depuis 1990), au détriment du le fret ferroviaire qui est pourtant peu polluant (-38%).
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