Le vrai du faux. Les approximations autour de l'impact du transport aérien sur le climat
Aurélien Accart passe au crible un fait repéré dans les médias et sur les réseaux sociaux. Aujourd'hui, les propos de plusieurs responsables politiques sur l'impact du transport aérien sur le réchauffement climatique.
C'est un sujet qui est particulièrement "dans l'air", en ce moment. Quel est l'impact du transport aérien sur le réchauffement climatique ? Question posée à de nombreux responsables politiques sur les plateaux de télé et dans les matinales radio ces derniers jours. Plusieurs députés, dont l'Insoumis François Ruffin et l'ancienne ministre de l'Écologie Delphine Batho, proposent d'interdire les courts trajets en avion, en France, quand l'alternative en train est acceptable c'est à dire quand la liaison ferroviaire n'excède pas la durée du vol de 2 heures 30.
Un trajet en avion, c'est 40 fois plus de gaz à effet de serre que le même trajet en train
Les responsables politiques choisissent des chiffres très différents selon qu'ils sont plus ou moins critiques vis à vis de l'avion. Matthieu Orphelin, député non inscrit, qui a quitté le groupe LREM, a choisi d'avancer le fait qu'"un trajet en avion, c'est 40 fois plus de gaz à effet de serre que le même trajet en train."
C'est vrai, même s'il s'agit d'une moyenne. Un voyageur qui choisit l'avion émet 40 à 45 fois plus de CO2 au kilomètre que s'il voyage en TGV. Matthieu Orphelin n'est pas pour l'interdiction des vols mais pour une taxe au décollage, qui servirait à faire baisser le prix des trains.
La ministre des transports, Elisabeth Borne, est quant à elle opposée à ce que l'on supprime ces lignes aériennes domestiques. Elle choisit de mettre en avant un autre chiffre.
Il faut avoir en tête que le transport aérien c'est entre 1 et 2% des émissions de gaz à effet de serre
Elisabeth Bornesur Sud Radio lundi
Un chiffre contesté. Selon l'organisation de l'aviation civile internationale, le transport aérien représente 2 % des émissions totales de dioxyde de carbone, soit 492 millions de tonnes de CO2 rejettées chaque année dans l'atmosphère.
Le problème, c'est que les avions rejettent aussi d'autre gaz à effet de serre : de l'oxyde d'azote, qui crée de l'ozone. Ils créent aussi des traînées de condensation et des cirrus - ces nuages de la haute atmosphère - qui contribuent au réchauffement climatique. Selon le réseau action climat, l'aviation civile serait plutôt responsable de 5 % du réchauffement climatique mondial.
Un chiffre qui va en plus s'accroître mécaniquement si, comme prévu, le trafic aérien mondial double, dans les 20 prochaines années.
La ministre Elisabeth Borne ajoute que si la proposition de loi était adoptée, "on interdirait Paris-Toulouse, on interdirait Nantes-Bordeaux". Son collègue François de Rugy, ministre de l'Environnement, estime quant à lui que si on interdisait "tous les vols là où il y a un train qui met moins de 5 heures, cela veut dire qu'on ne peut plus utiliser l'avion en France". Il cite ensuite les vols entre Paris et Nice, ou Paris et Toulouse.
Seulement, qu'il s'agisse de Nantes - Bordeaux, de Paris - Toulouse, de Paris - Nice ou de Nantes - Montpellier, tous ces trajets resteraient autorisés, selon le texte de la proposition de loi en question. Un signe, peut-être, que le gouvernement n'a pas pris très au sérieux cette proposition de loi, ou que les éléments de langage ont été préparés à la va-vite.
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