Cet article date de plus d'un an.

Le vrai du faux. Manque-t-il "des centaines et des centaines" de médecins du travail, comme l'affirme Laurent Berger ?

Le secrétaire général de la CFDT affirme qu'il n'y a pas assez de médecins du travail pour décider si des salariés peuvent partir plus tôt à la retraite, comme le permet la proposition de loi sur la réforme des retraites.

Article rédigé par franceinfo - Mathilde Bouquerel
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Le secréraire général de la CFDT Laurent Berger après une réunion intersyndicale suivant la présentation de la réforme des retraites à Paris le 10 janvier 2023. (JULIEN DE ROSA / AFP)

Si la réforme des retraites est adoptée, ce sont les médecins du travail qui devront déterminer quels salariés sont usés par leur carrière et peuvent partir plus tôt à la retraite. Mais ce système est difficile à mettre en place, selon Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT. "Ce qu'on nous dit, c'est : "Il y aura une visite médicale pour un certain nombre de personnes à 61 ans". Mais une visite médicale avec qui ?", interroge-t-il sur franceinfo. "Il manque aujourd'hui des centaines et des centaines de médecins du travail."

>> "Pas mal de départs en retraite et un faible renouvellement" : dans les Bouches-du-Rhône, la pénurie de médecins du travail préoccupe

Cette affirmation est vraie. Les médecins étaient plus de 5 800 en 2010 selon l'Ordre des médecins, et ils sont tombés à un peu plus de 4 400 fin 2021 pour suivre les plus de 18 millions de salariés du secteur privé. La France a donc perdu un quart de ses médecins du travail en onze ans. Il en manque donc bien plusieurs centaines, comme le dit Laurent Berger.

Le manque d'étudiants en médecine

Comme dans tous les secteurs de la médecine, cette baisse s'explique par le fait qu'il n'y a pas assez de jeunes pour remplacer ceux qui partent à la retraite. La population de médecins du travail est vieillissante, plus de la moitié d'entre eux a 55 ans ou plus, selon l'Ordre des médecins. Ce secteur est particulièrement touché par le manque d'étudiants pour remplacer leurs aînés car, comme le reconnaît le ministère de la Santé, c'est une spécialité qui est "relativement moins attractive" que les autres.

Il est difficile de dire précisément combien il faudrait de médecins du travail pour que le système fonctionne. En revanche, dans la loi, pour qu'un médecin du travail qui s'occupe des salariés d'un hôpital, par exemple, puisse faire correctement son travail, il ne doit pas suivre plus de 2 000 patients. Dans la pratique, la présidente de l'Association de médecine du travail du personnel des hôpitaux, elle-même médecin du travail, a expliqué à franceinfo qu'elle suit actuellement entre 3 500 et 4 000 salariés. Le double, donc, de ce que prévoit la loi.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.