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Le vrai du faux. Richard Ferrand a-t-il appelé à modifier la Constitution pour qu'Emmanuel Macron puisse faire un troisième mandat ?

Plusieurs opposants politiques du gouvernement en place accusent l'ancien président de l'Assemblée, proche d'Emmanuel Macron, de vouloir changer la Constitution pour que celui-ci puisse se présenter à l'élection présidentielle de 2027.
Article rédigé par franceinfo - Armêl Balogog
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Richard Ferrand à Paris le 2 mars 2022.  (SAMEER AL-DOUMY / AFP)

Richard Ferrand a-t-il appelé à modifier la Constitution pour qu'Emmanuel Macron puisse se présenter à l'élection présidentielle de 2027 ? Oui, selon l'opposition. Non, selon Richard Ferrand lui-même. "On se demandait lequel allait être le premier à oser !", s'exclame la sénatrice socialiste Laurence Rossignol. "Pour certains, la VIème République ressemble plutôt à la restauration ou l'empire", raille le Premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure. Tandis que Sébastien Chenu, député Rassemblement national, dénonce un "tripatouillage" du camp d'Emmanuel Macron, sur Sud Radio lundi 19 juin.

>> Richard Ferrand estime que changer la Constitution pour permettre un troisième mandat présidentiel n'est "pas de circonstance"

Selon lui, "Richard Ferrand, qui est totalement envoyé par Emmanuel Macron, lance un ballon d'essai et vient nous dire qu'on pourrait peut-être modifier la Constitution pour permettre à Emmanuel Macron de se représenter. Chaque jour en Macronie, on s'éloigne un peu plus de la démocratie". Mais qu'a vraiment dit l'ancien député, proche du président de la République ?

"Changeons tout cela", la phrase qui sème la confusion

Dimanche 18 juin, un an exactement après sa défaite aux élections législatives, l'ancien député La République en Marche a donné une interview au journal Le Figaro, brisant ainsi son silence médiatique. Vers la fin de l'interview, le journaliste lui demande s'il regrette qu'Emmanuel Macron ne puisse pas se représenter en 2027. Richard Ferrand répond alors que "notre Constitution en dispose ainsi".

Mais c'est la suite de son propos qui suscite les critiques. L'ancien président de l'Assemblée nationale déclare : "Cependant, à titre personnel, je regrette tout ce qui bride la libre expression de la souveraineté populaire. La limitation du mandat présidentiel dans le temps, le non-cumul des mandats, etc… (…) Ça affaiblit notre vie politique en qualité et en densité, et la rend moins attractive. Changeons tout cela."

Richard Ferrand dément

Cette dernière phrase est reprise en boucle par les oppositions. Contacté par franceinfo, Richard Ferrand affirme que ses propos sont victimes d'un emballement comme il en existe sur les réseaux sociaux. Tout a commencé, dit-il, par un article du Huffington Post, affirmant qu'il "appelait" à un changement de la Constitution pour autoriser un 3e mandat présidentiel.

"Mon propos est général, ça ne concerne pas que le président", assure-t-il, expliquant qu'il souhaitait verser cette idée au débat et qu'il n'était pas envoyé par Emmanuel Macron pour lancer un ballon d'essai. "Ca ne s'appliquerait pas au président actuel", pense-t-il.

Aux critiques, il répond que "ce serait bien de prendre en compte ce que les gens pensent et pas les arrières-pensées qu'on leur prête". Il s'interroge : "Comment peut-on imaginer que je sois assez stupide pour proposer quelque chose pour 2027 en sachant parfaitement que ça n'a aucune chance de prospérer ?" L'Assemblée – sans majorité absolue - et le Sénat – à majorité de droite – ne voterait pas une telle réforme de la Constitution.

Mais ses dénégations ne convainquent pas de nombreux internautes, qui estiment que, de fait, il est favorable à un changement de la Constitution et que le président actuel, duquel il est proche, est Emmanuel Macron.

Des soupçons déjà en décembre 2022

Les critiques se sont retournées vers le président. Surnommé "Macron 1er" par Mathilde Panot, présidente du groupe La France insoumise à l'Assemblée. "Personne n'est dupe : c'est juste Macron qui envoie un ballon d'essai pour tester l'idée. Habité par une foi fanatique en lui-même et en son projet néolibéral, convaincu d'avoir raison contre le peuple, le président rêve de ne jamais lâcher le pouvoir. Cet homme est dangereux", surenchérit le député insoumis Bastien Lachaud

Cette polémique vient relancer des soupçons qui pesaient déjà sur Emmanuel Macron en décembre 2022, après une hypothèse de Jean-Jacques Urvoas, comprise au premier degré et perçue, là aussi, comme un ballon d'essai. À l'époque, la polémique avait alimenté les interviews politiques pendant plusieurs semaines.

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