Le vrai du faux. Toute la France est-elle un désert médical, comme l'affirme Aurore Bergé ?
Aurore Bergé, la présidente du groupe Renaissance à l’Assemblée Nationale, a tenu un discours plutôt alarmiste concernant la pénurie de professionnels de santé mardi 3 janvier sur France 2, estimant qu'"aujourd'hui, toute la France est un désert médical, toute la France". "Il n'y a pas Paris versus tel ou tel territoire", a précisé la député de la majorité. Pourtant, cette affirmation selon laquelle toute la France est un désert médical est fausse.
D'après un rapport sénatorial remis en mars dernier, "seulement" un tiers de la population française vit dans un désert médical ou plus précisément dans une "ZIP", une zone d'intervention prioritaire. Des zones, selon l'Agence Régionale de Santé, dans lesquelles l'offre de soins est insuffisante, ou bien il est difficile d'accéder aux soins. Toujours selon ce rapport sénatorial, le nombre de ces ZIP a presque doublé depuis 2017, passant de 18% à 30%.
D'importantes inégalités territoriales
Tout le pays n'est pas un désert médical mais la pénurie de médecins est bien un problème grave en France, d'autant plus que les régions françaises ne sont pas égales face à cette pénurie. Par exemple, toujours selon le même rapport sénatorial, tous les habitants de Mayotte ou de Guyane vivent dans un désert médical quand au contraire, ce n'est le cas que de 11% des Bretons. Il y a aussi le cas très particulier de l'Île-de-France où pas moins de 62% de la population vit une pénurie de médecins. Pourtant, Paris est très bien loti en la matière, mais des départements comme la Seine-Saint-Denis sont désertés par les professionnels de santé. Enfin, même si vous n'habitez pas dans une ZIP, vous pouvez avoir des difficultés à trouver un médecin. En conséquence, chaque année en France, 1,6 million renoncent à se soigner.
Cette désertification médicale s'explique par le vieillissement de la population des médecins. Le rapport sénatorial de mars tire la sonnette d'alarme : la population des médecins est de plus en plus âgée et il n'y a pas suffisamment d'étudiants pour les remplacer, à cause du numerus clausus très resserré de ces dernières années. Le nombre de généralistes a diminué d'1% par an en moyenne entre 2017 et 2021, et dans des départements comme la Sarthe, la Saône-et-Loire ou l'Yonne, c'est même 3% de moins chaque année. Si rien n'est fait, le rapport prédit donc une "décennie noire" concernant le nombre de médecins.
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