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Le vrai du faux. Une belle histoire venue d'Alep, trop belle pour être vraie

La belle histoire est celle d'une statue de la Liberté faite de blocs de ciment et de morceaux d'immeuble d'Alep. Le texte qui l'accompagne : "Tammam Azzam, un artiste syiren a fait cette statue avec des débris de sa maison, détruite par les bombardements d'Alep". Sauf qu'il s'agit d'un photomontage.

Article rédigé par franceinfo, Antoine Krempf
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Capture d'écran du tweet de l'artiste syrien Tammam Azzam, qui reprend l'article d'Al Arabiya publié le 23 octobre 2016. (Tammam Azzam / Twitter)

Vous avez peut-être vu passer cette image poignante ces derniers jours, voire ces derniers mois parce qu'elle avait déjà fait beaucoup parlé l'an dernier. En tout cas, des centaines de personnes la partagent en ce moment sur leur compte Facebook. C'est en fait une statue de la Liberté faite de blocs de ciment et de morceaux d'immeuble. Elle se dresse dans le ciel au milieu d'un champs de ruine. Voilà ce qu'indique le texte qui l'accompagne : "Tammam Azzam, un artiste syiren a fait cette statue avec des débris de sa maison, détruite par les bombardements d'Alep". Parmi les réactions des Internautes : "Quel symbole, quel message bouleversant. De quoi faire réfléchir".

Une fausse statue

L'oeuvre est bien une création de l'artiste syrien Tammam Azzam, mais il l'a faite derrière son ordinateur. Il s'agit en fait d'un photomontage réalisé avec un vrai cliché de destructions en Syrie. Par ailleurs, cet artiste ne vit pas du tout à Alep, ni en Syrie d'ailleurs. Il est né à Damas mais a fui son pays au tout début de la guerre pour se réfugier à Dubaï. Rien à voir avec les bombardements d'Alep. L'image refait surface depuis l'an dernier. Or, la création date de 2012. À l'époque, au tout début du conflit syrien, Tammam Azzam espérait surtout faire passer un message de paix. 

Cela montre qu'il faut se méfier quand on croise une photo. Une histoire un peu trop belle sur Facebook ! En l'occurrence, il suffit de chercher le nom de l'artiste syrien sur Google pour tomber sur sa biographie et ses autres créations en 30 secondes. On se rend bien compte qu'il ne vit pas à Alep et qu'il créé surtout des oeuvres sur ordinateur. Par ailleurs, un Syrien vivant à Alep aujourd'hui aurait-il les moyens et l'opportunité de transformer les ruines de sa maison en une statue de la liberté mesurant apparemment plusieurs dizaines de mètres de haut ? Je ne suis pas sur place non plus, mais ça mérite au moins quelques secondes de réflexion avant de partager l'histoire.

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