Les maraudes des associations auprès des sans-abri sont-elles interdites pendant les JO, comme l'affirme le député LFI Hadrien Clouet ?

Selon le député LFI Hadrien Clouet, il est interdit de faire des maraudes auprès des sans-abri dans Paris pendant les Jeux. Cette affirmation est fausse, mais les associations dénoncent néanmoins une période particulièrement difficile pour les personnes qui vivent dans la rue à Paris pendant cet événement.
Article rédigé par Mathilde Bouquerel
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Une personne sans-abri à Paris le 3 avril 2024 (UMIT DONMEZ / ANADOLU)

Alors que les Jeux olympiques battent leur plein, la situation des sans-abri à Paris continue de poser question. Avant les Jeux, de nombreuses associations ont dénoncé des expulsions de SDF et de migrants de Paris en vue de l'événement. Mais d'après le député LFI de Haute-Garonne Hadrien Clouet, la situation est encore plus compliquée pour les sans-abri pendant l'événement. Il affirme ainsi : "Aujourd'hui à Paris, on n'a plus le droit de faire des maraudes, c'est-à-dire venir le soir donner de l'alimentation ou des soins à des personnes sans-domicile fixe. Ça, ça fait partie des conséquences sociales de ces Jeux olympiques que je déplore."

Cette affirmation est fausse. Franceinfo a contacté trois associations, Médecins du monde, le Secours populaire et La Croix rouge, qui confirment toutes qu'elles continuent à aller au-devant des sans-abri de la capitale depuis le début des Jeux sans en être empêchées. La Croix rouge organise 36 maraudes chaque semaine actuellement dans Paris et prévoit d'en rajouter en cas de fortes chaleurs. De son côté, le Secours populaire précise qu'elle a dû changer d'itinéraire pour certaines de ses maraudes, pour s'adapter au tracé des Jeux, mais qu'elle continue d'aller à la rencontre des sans-abri. Médecins du monde réalise des évaluations de santé et prodigue des soins aux sans-abri dans de petits campements et squats du 93, ainsi que dans le Nord-Est parisien.

Les sans-abri restés à Paris se cachent, selon les associations

Cela dit, la période des JO reste très compliquée pour les personnes SDF à Paris, selon les associations. Avec la forte présence policière, les sans-abri, dont une partie sont sans-papiers, doivent se cacher pour éviter les contrôles. Ils limitent leurs déplacements et se rendent donc moins souvent aux points de distribution de nourriture, comme l'explique Paul Alauzy, coordinateur à Médecins du monde. D'autres sans-abri se sont installés dans des lieux invisibles du public, toujours pour échapper à ces contrôles. Les bénévoles qui font les maraudes ont donc beaucoup plus de mal à les trouver pour leur apporter des soins ou de la nourriture.

Des associations, comme le collectif Le revers de la médaille, qui regroupe 104 syndicats, associations et ONG, dénoncent aussi un nettoyage social de Paris avant les Jeux. Selon ce collectif, entre 2022 et 2023, 12 769 sans-abri ont été expulsés de leurs lieux de vie en Île-de-France (regroupement de tentes, squats ou bidonvilles) et 12 545 sans-abri entre 2023 et 2024. Une partie de ces sans-abri parisiens, majoritairement des migrants, ont été envoyés dans des "sas régionaux", d'autres villes loin de la capitale. Certains sans-abri ont aussi été envoyés dans des sites tampons en Île-de-France comme Melun, Cergy ou encore Sarcelles. Dans ces deux cas, ce sont la plupart du temps des solutions d'hébergement temporaires qui ne sortent pas les personnes de la rue.

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