Manipulation d'images vraies : les images détournées

La désinformation parasite les réseaux sociaux et parfois le débat public. En cette fin d'année, franceinfo décrypte les mots de la désinformation. Jeudi 26 décembre : les images détournées.
Article rédigé par Angélique Bouin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Une image détournée postée sur Facebook censée montrer la mobilisation au Canada. Elle a été prise à Moscou en 1991. (CAPTURE D'ECRAN)

Contrairement aux deepfakes qui sont des images truquées, manipulées par de l’Intelligence Artificielle, une image détournée est vraie ! Mais on la fait mentir grâce à quelques artifices. On la détourne pour manipuler l’opinion.  

  

La façon la plus commune de faire mentir une photo ou une vidéo c’est, par exemple, de la recadrer. En politique, le service communication d’un candidat en campagne ne publiera pas une photo d’une salle quasi vide.  Si le meeting n’a pas attiré les foules, l’attaché de presse publiera une photo cadrée sur les premiers rangs, c’est courant et de bonne guerre. Mais si cette photo est repostée sur les réseaux sociaux par un militant qui indique en légende que la salle était archicomble, alors il s’agit d’une photo détournée.   

 

Le crocodile qui nage dans une ville inondée : un classique.

  

On peut donc faire mentir une image simplement en la recadrant et /ou en la contextualisant différemment pour servir son intérêt, une cause ou encore discréditer une personne ou un groupe. Les personnalités, les stars en font souvent les frais. Faire dire n’importe quoi à de vraies images, cela sert aussi à alimenter les théories du complot. Enfin, c’est très courant lors des catastrophes naturelles, inondations, incendies, de voir ressortir de vieux clichés comme celui du crocodile ou du requin qui nage dans les rues de la ville. C’est un grand classique d’image détournée.  

  

Les images sorties de leur contexte : une arme de guerre. 

En marge des conflits comme celui en cours au Proche-Orient, le détournement de photos et de vidéos est un phénomène absolument massif. Des images de victimes civiles ou d’écoles bombardées sont présentées comme récentes alors qu’elles datent d’une autre époque, ou qu’elles ont été prises parfois dans un autre pays.

Elles sont diffusées par l’un ou l’autre camps pour choquer, émouvoir, attiser la haine ou mobiliser ses propres troupes.  

Il ne faut pas voir du faux partout, mais sur les réseaux sociaux, les images détournées à des fins de propagande pullulent.

  

Quelque 23%  d’images trompeuses lors des léections américaines en 2020

 

Il est très difficile d’estimer la part d’images ou de vidéos détournées sur les réseaux, ou celles qui sont truquées, mais une étude publiée par la revue scientifique international Journal of Communication nous donne une idée de l’ampleur de la désinformation en ligne sur une séquence bien précise. Trois chercheurs américains ont minutieusement étudié 14 millions d’images à caractère politique postées sur Facebook pendant la campagne présidentielle de 2020. On y apprend que 23% ces images, près d’un quart, étaient trompeuses.  

Pour ne pas tomber dans le panneau, il y a quelques réflexes. Quand une image nous interpelle et qu’elle n’émane pas d’une source fiable, il faut faire appel à son sens critique, à son bon sens. Il faut essayer de repérer des incohérences visuelles comme un panneau routier qui n’est pas du bon pays. Il y a aussi aujourd’hui des outils numériques qui permettent de confirmer ou d’infirmer la véracité d’une image.

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