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Marine Le Pen dit-elle vrai sur le blocage du Parlement européen ?

La présidente du Front national affirme que les nouveaux eurodéputés frontistes vont "tenter de bloquer par nos votes toute nouvelle avancée de l'Union européenne. Et je crois que pouvoir dire que nos adversaires ne sont pas rassurés sur la capacité que nous avons à les gêner considérablement." Vrai ou faux ?
Article rédigé par Gérald Roux
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Marine Le Pen siège depuis 2004 au Parlement européen à Bruxelles et Strasbourg © Maxppp)

Faux

Le Front national et les autres députés europhobes élus dimanche dernier ne pourront pas bloquer les décisions prises à Strasbourg. 

Malgré leurs succès en France, en Grande Bretagne ou au Danemark, leurs moyens d'actions sont en fait très limités. 

 

D'abord parce qu'il n'y a pas de minorité de blocage au Parlement. Le dispositif n'existe qu'au Conseil européen ou quatre pays peuvent effectivement déposer un véto à condition de représenter 35% de la population européenne.

 

Marine Le Pen ne peut donc pas jouer cette carte. Mais laquelle alors ? Le numéro deux du FN. Florian Philippot, également élu dimanche dernier, affirme qu'il va "constituer des majorités pour lutter contre telle ou telle dérive de l'Union européenne ". 

 

Les grandes décisions du Parlement européen se prennent lors des sessions plénières. Elles ont lieu une fois par mois à Strasbourg. Et dans l'hémicycle européen, pour approuver ou rejeter un texte, il faut la majorité absolue. Elle se situe aujourd'hui à 376 votes. Or il y a désormais 102 eurodéputés clairement europhobes et 55 élus plutôt eurosceptiques. Leur  réserve théorique est donc de 157 voix, très loin de la majorité absolue.

 

Pour espérer avoir une éventuelle majorité sur un texte européen, le Front national et ses alliés devront donc devoir s'allier avec l'un des trois grands partis du Parlement  : le centre droit, les socialistes ou les libéraux. Mais cela va sans doute être compliqué de convaincre le PPE, l'ALDE ou le groupe S&D de voter aux côtés de Marine Le Pen.

 

La présidente du Front national mise aussi sur un groupe parlementaire

C'est effectivement un bon moyen de peser politiquement au Parlement européen. Elle peut le faire à condition de rallier au moins 25 eurodéputés de sept pays différents. Un groupe permet de présenter des candidats aux postes clés dans les commissions parlementaires comme le budget, les transports ou l'agriculture.

 

Un groupe politique c'est aussi des locaux, des financements, le droit de déposer des amendements ou encore l'assurance d'assister à la Conférence des présidents qui gère notamment l'ordre du jour du Parlement. Mais ce que pourrait surtout apprécier Marine Le Pen, c'est l'assurance d'avoir un temps de parole devant l'hémicycle.

 

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