Nicolas Dupont-Aignan dit-il vrai sur l'argent "gaspillé" par la France pour l'UE ?

Presque vrai

En 2011, la France a contribué au budget de l'Union européenne pour 19,6 milliards d'euros et elle a reçu de l'Union 13,1 milliards. La différence, c'est 6,5 milliards d'euros. La France paie donc plus qu'elle ne reçoit. Elle est ce qu'on appelle un Etat contributeur net.

L'Allemagne paie plus  

Pour autant, Nicolas Dupont-Aignan peut-il parler d'argent "gaspillé" . Pas si simple.
D'abord, parce que la France n'est pas le seul contributeur net. En 2011, dix pays ont payé plus qu'ils ne recevaient. Le premier d'entre eux, c'est l'Allemagne qui a donné neuf milliards d'euros de plus  cette année là. La France est en 2e position.
Car la contribution est calculée sur le poids économique de chaque pays par rapport au PNB total de l'Union. Les Etats les plus riches donnent plus qu'ils ne reçoivent. C'est la solidarité européenne. Actuellement, le pays qui reçoit le plus, c'est la Pologne avec près de 11 milliards d'euros de solde en sa faveur en 2011.

Grande-Bretagne

Quant à la Grande-Bretagne, elle donne plus qu'elle ne reçoit. 5,5 milliards d'euros malgré sa ristourne gagnée en 1984. Sans la ristourne, la Grande-Bretagne serait carrément déficitaire de 12 milliards.
En 1984, à l'époque de l'Europe des dix, Margaret Thatcher a obtenu cette faveur en raison de la situation économique de son pays. Nicolas-Jean Bréhon, spécialiste du budget européen, économiste auprès de la fondation Robert Schuman, explique que la Grande-Bretagne "était un des pays les moins prospères de la communauté et il bénéficiait extrêmement peu des retours de dépenses européennes, parce que ces dépenses dans les années 80 étaient très massivement orientées vers les dépenses agricoles [...] et le Royaume-Uni recevait très peu de dépenses agricoles et par conséquent son solde net était très largement déficitaire" . Depuis, les Britanniques ont gardé leur ristourne malgré les changements économiques de leur pays.

Le budget a changé  

Dans les années 80, 70% à 75% des dépenses européennes allaient à l'agriculture. La France (pays agricole contrairement à la Grande-Bretagne) en était la grande bénéficiaire. A l'époque, la France recevait plus qu'elle ne donnait.

Mais à partir de 1986, avec le début de l'élargissement européen, un autre poste est monté en puissance dans le budget. Celui de la politique régionale (politique de cohésion). En clair, les aides aux régions les plus pauvres des nouveaux membres de l'Europe.  L'Espagne, le Portugal, l'Irlande, puis les anciens pays de l'Est.
Aujourd'hui, ces dépenses régionales sont pratiquement au même niveau que les dépenses agricoles. Les équations européennes ont bien changé.