Nicolas Dupont-Aignan dit-il vrai sur la dévaluation ?
Faux
On ne peut pas parler de dévaluation pour "tous les pays du monde". Cela voudrait dire que ce les Etats, ou plus précisément les banques centrales, qui décident du sort de leur monnaie. Or ce n'est plus vraiment le cas. Depuis 1976 et la mise en place d'un régime de change flottants, la balle est désormais d'abord et avant tout entre les mains des marchés, comme l'explique l'économiste Philippe Crevel.
"C'est avant tout les marchés qui fixent le cours des devises, à la hausse ou à la baisse. Ils prennent en compte la situation de la balance commerciale, les taux d'intérêt et la masse monétaire certes, mais surtout les facteurs économiques et même psychologique. "
Des Etats impuissants ?
Et les marchés semblent plutôt bien aimer l'euro. Voilà, entre autres raisons, pourquoi la plupart des monnaies citées par Nicolas Dupont-Aignan sont plus faibles que la monnaie européenne. D'après l'économiste André Cartapanis, "l'euro a grimpé de 8 à 10% par rapport aux autres devises mondiales depuis un an et demi ".
Mais les banques centrales ne sont pas totalement impuissantes. Elles peuvent tenter d'influencer les marchés pendant un certain temps. En fait les banques ont deux options : agir sur les taux directeurs et donc prêter à moins cher ou émettre plus de monnaie et donc mettre plus d'argent à destination des marchés. C'est cette solution qu'a récemment choisi le Japon. Résultat : le Yen a perdu 18% de sa valeur par rapport au dollar l'an dernier.
Deux solutions qui ne sont pas à la portée de toutes les banques centrales. "La baisse des monnaies dans beaucoup de pays émergents, comme le Brésil par exemple, s'explique surtout par une fuite des capitaux, ce qui n'est pas vraiment une bonne nouvelle pour l'économie du pays ", précise Philippe Crevel.
Pas une formule magique
Mais faire baisser sa monnaie, même temporairement, n'est pas forcément la formule magique qui permet de "gagner des parts de marché et relancer la croissance ". Le Japon est en train de regretter sa décision, d'après Evelyne Dourille-Feer, spécialiste de l'économie japonaise.
"Les exportations japonaises ont certes augmenté de 9,5% en janvier par rapport à l'an dernier. Mais le problème, c'est que les exportations progressent d'autant. Conséquence : tout ce qui est énergétique a augmenté. Or, vu que tous les réacteurs nucléaires sont à l'arrêt, il faut importer du gaz liquéfié, du pétrole ou du charbon. La facture est très chère. "
Ceci dit, pour rassurer le président de Debout la République, d'après une étude du Conseil d'analyse économique, une baisse de 10% de l'euro permettrait de faire grimper les exportations françaises de 7 à 8%.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.