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Paris : la tour Eiffel menace-t-elle vraiment de tomber, comme l'affirment certains sur les réseaux sociaux ?

Des internautes assurent que la tour Eiffel serait en très mauvais état et menacerait de tomber. L'inquiétude est née à la suite d'un article paru dans le magazine "Marianne" qui a eu accès à des rapports confidentiels. La société d'exploitation qui gère le monument assure pourtant que la tour n'a "jamais été aussi préservée".

Article rédigé par Joanna Yakin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
La tour Eiffel, en juillet 2022. (SAMEER AL-DOUMY / AFP)

"Le courronnement de la carrière d'Anne Hidalgo", "Paris touche le fond", "Le symbole du #saccageparis d'Hidalgo". Voici quelques uns des commentaires d'internautes postés sous des publications affirmant depuis quelques semaines que la tour Eiffel menacerait de tomber. Alors que le feu d'artifice sera tiré jeudi 14 juillet depuis les jardins du Trocadéro, l'état du monument suscite l'inquiétude. 

Tout est parti d'un article paru fin juin dans un journal sérieux, l'hebdomadaire Marianne, titré ainsi : "Exclusif : Mal en point, rouillée, la Tour Eiffel va-t-elle tomber ?" Dans cet article, le journaliste explique avoir eu accès à trois rapports sur l'état de la tour Eiffel datés de 2010 à 2016. "Selon nos sources, le symbole de Paris est très mal en point", peut-on lire. D'après le journaliste, ces rapports décrivent "un état très dégradé et une maintenant qui laisse à désirer". Plusieurs témoignages vont également dans ce sens, comme celui d'un cadre actuel, cité anonymement, qui "se désole" rapporte Marianne. "Si Gustave Eiffel visitait les lieux, il aurait une syncope", confie la personne interrogée.

Contactée, la société d'exploitation de la tour Eiffel (Sete), conteste toutefois ce diagnostic et assure que les rapports n'avaient rien d'alarmant. Le directeur, Jean-François Martins, assure même que "la tour Eiffel n'a jamais été aussi préservée". Il confirme l'existence de ces rapports, commandés par la Sete elle-même. L'un en 2010, un autre en 2014 et le dernier en 2016. Mais la Sete n'en tire pas le même enseignement. D'après Jean-François Martins, les trois rapports décrivent "une tour en bon état général". La Sete n'a communiqué à franceinfo qu'un extrait du rapport de 2010. On y lit effectivement que "les observations réalisées sur site révèlent que la structure de la tour présente dans son ensemble un bon état général". Concernant les peintures, un autre extrait indique que "les systèmes de peinture appliqués à ce jour sont bien adaptés. La périodicité et les procédures son bien respectées". Les autres rapports n'ont pas été communiqués.

"Le fer puddlé est dans un état irréprochable"

Le patron de la Sete confirme toutefois les anomalies dénoncées dans l'article. 884 défauts ont bien été décelés en 2016, classées en fonction de leur gravité de B à F (F étant la moins bonne note). Ainsi, 68 de ces 884 signalement seraient classés en F. Cette catégorie correspond à des pièces dont on estime qu'elles doivent être changées ou traitées en urgence. Concrètement, il s'agit de pièces trop rouillées. Mais Jean-François Martins assure que ces défauts dits "urgents" ne sont présents que sur des pièces annexes, "ornementales", qui ne menacent pas la structure. Il ajoute que ces recommandations ont bel et bien été suivies d'effet puisque la réparation de ces 68 pièces est bien programmée dans la 20e campagne de peinture démarrée en 2019 et qui doit se poursuivre jusqu'en 2024. A date, six de ces pièces ont déjà été traitées.

La Sete explique avoir suivi une autre recommandation en procédant au décapage d'une partie de la tour Eiffel pour la première fois de l'histoire du monument. 5% de la surface totale a ainsi été mise à nu pour vérifier l'état du métal sous les couches de peinture. La direction assure que les résultats ont largement rassuré. "Le fer puddlé est dans un état irréprochable", assure Jean-François Martins.

En résumé, la Tour Eiffel nécessite bien des travaux mais ne menace pas de tomber demain. Ce que confirme l'expert judiciaire qui a rédigé l'un des rapports. Bernard Giovannoni, expert judiciaire, à l'origine du rapport de 2014 sur l'état des peintures, confirme qu'il n'a "jamais écrit que la tour Eiffel menaçait de s'effondrer". Il y avait bien "de la peinture qui s'effritait, de la rouille", mais "rien qui mette la tour en péril". En revanche, il rappelle et "assume" qu'il appelait à l'époque à engager "des travaux au plus vite", au risque que la facture s'alourdisse dans les années à venir, notamment en raison de la présence de plomb et d'un possible durcissement de la règlementation qui, à ses yeux, aurait entraîné un surcoût.  

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