Présidentielle : on a vérifié trois déclarations de candidats sur le chômage
Jusqu'au 1er tour de l'élection présidentielle, le 10 avril prochain, le Vrai du Faux passe au crible les déclarations des candidats sur les grandes thématiques du débat public. Lundi 28 mars : le chômage, avec Emmanuel Macron, Marine Le Pen et Adrien Quatennens, soutien de Jean-Luc Mélenchon.
Quel est le véritable bilan d'Emmanuel Macron en termes de chômage lors du quinquennat qui s'achève ? Le président-candidat et ses adversaires n'ont pas la même lecture des chiffres de l'Insee et de Pôle emploi.
Le chômage des jeunes au plus bas depuis 40 ans ?
Il y a dix jours, voici ce que déclarait Emmanuel Macron lors de la présentation de son projet à Aubervilliers : "J'avais promis de baisser le chômage et malgré les crises, nous l'avons fait. Le taux de chômage atteint son plus bas niveau depuis 15 ans, le chômage des jeunes sont plus bas niveau depuis 40 ans."
Sur le taux de chômage, le candidat LREM reprend les chiffres de l'Insee, qui annonce 7,4% de la plopulation active au chômage pour la fin d'année 2021. Il faut effectivement remonter à une quinzaine d'années, en 2008, pour retrouver un chiffre aussi faible.
En revanche, sur les jeunes c'est beaucoup plus nuancé. Si on regarde uniquement les trois derniers mois de l'année passée, on a effectivement un chômage inédit depuis 1981 avec un taux un peu en-dessous des 16%. Sauf que si on regarde en moyenne annuelle, le chômage des jeunes a déjà été beaucoup plus faible ces quarante dernières années, en 2002 notamment.
Autant de gens qui cherchent un emploi qu'au début du quinquennat ?
Si Emmanuel Macron retient les données de l'Insee, Marine Le Pen s'appuie de son côté sur les chiffres du nombre d'inscrits à Pôle emploi pour contester le bilan de son adversaire. Voici ce qu'affirme la candidate du Rassemblement national sur C8 : "La réalité, c'est qu'à 100 000 près, il y a autant de chômeurs, autant de gens qui cherchent un emploi, que lorqu'il est arrivé au pouvoir".
Et là encore, il y a du vrai et du faux. 5,66 millions de demandeurs d'emploi étaient inscrits dans les fichiers de Pôle emploi fin 2021 en catégories A, B et C, c'est 150 000 de moins par rapport au printemps 2017. Une baisse qui s'explique surtout par la chute du nombre d'inscrits en catégorie A. Les catégories B et C, c'est-à-dire ceux qui travaillent quelques heures tout en cherchant un emploi stable, augmentent légèrement depuis cinq ans.
Une baisse du chômage artificielle en raison du nombre d'embauches en CDD ?
Du côté de La France Insoumise, si on ne conteste pas que le chômage a baissé, cela traduirait en fait une hausse de la précarisation de l'emploi. Et pour le prouver, le député Adrien Quatennens, soutien de Jean Luc Melenchon, avance un argument sur France 2 : "Vous avez 80% des contrats qui sont signés, peut-être plus, de moins d'un mois, de moins d'une semaine, de moins d'un jour, qui font que vous sortez des statistiques du chômage temporairement".
Le constat est plutôt juste : au troisième trimestre 2021, les CDD représentaient 82,3% des embauches en France, d'après les dernières données de la Dares, le service statistique du ministère du Travail. Et dans ces embauches en contrats courts, 8 sur 10 étaient des CDD de moins d'un mois.
Mais ce chiffre ne suffit pas à expliquer la baisse du taux de chômage. Cette part d'embauches en CDD est stable en France depuis une dizaine d'années.
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