Quand Pinocchio s'invite dans la campagne
Menteur, menteur, c’est bien simple à en croire les invités
qui se sont succédés dans le studio de France info cette semaine, notre classe politique est composée d’une multitude de pinocchios aux nez bien pointus, et
aux langues bien fourchues …
En résumé quelque soit le sujet, tous ont accusé l’adversaire de ne pas
respecter ses promesses ou plus directement de mentir. C'est ainsi que l'on peut se demander si il est possible de faire de la politique sans
mentir. Et si la question semble d’actualité cette année, il faut savoir
qu’elle l’était déjà il y a 5 ans et qu’on peut remonter ainsi très loin dans
le temps…
Les politiques sont ils des menteurs
On ne va pas porter une telle accusation qui serait
caricaturale, mais il faut quand même savoir que la question du mensonge en
politique se pose depuis très longtemps. On connaît tous Nicolas Machiavel. Or, en 1513, ce dernier dans son livre "Le
Prince" décortique les manœuvres qui
permettent aux puissants de rester au pouvoir.
Il dit par exemple, "que les hommes ont tant de crédulité,
qu’ils se plient aux nécessités du
moment et que le trompeur trouvera toujours quelqu’un qui se laisse tromper". Et puis, il ajoute un peu plus loin toujours sur ce même
thème, "que le prince n’est pas obligé de posséder toutes les vertus, mais ce qu’il faut c’est qu’il paraisse les
avoir".
Le piège de l'internet
Alors c’est vrai, on est en démocratie, mais cette notion
de tromperie, de mensonge reste présente. Elle fait partie du discours. Elle est au cœur des échanges parce qu’elle permet de se différencier de
l’adversaire. Elle reste donc une arme politique, ce que déplore, le
sociologue Jean Viard directeur de recherche au CNRS et auteur dernièrement du
livre, "le nouveau portrait de la France". Jean Viard explique que cela devient de plus
en plus difficile pour les hommes politiques de mentir à cause des nouveaux
médias. On l’a vu il y a encore quelques jours, lorsque Nicolas Sarkozy a dit
qu’il n’avait jamais parlé de TVA sociale et que 3 minutes plus tard, les sites montraient le président en
train d’évoquer le sujet dans une de ses précédentes interventions.
Une gamme de mensonges
Normalement, oui, en tout cas, elle va compliquer les choses. Mais cela ne signifie pas la disparition du mensonge car, la politique est
faite par des hommes et des femmes. A nouveau, retournons dans le passé. En l'occurrence en 1733, pour retrouver un personnage que l’on connaît bien puisqu’il
s’agit du père de Gulliver, Jonathan Swift. Notre homme a signé un petit ouvrage qui s’intitule, "l’art du
mensonge politique". Il dresse dans son livre une sortent d’inventaire des
différentes sortent de mensonges qui existent en politique.
Par exemple, il évoque en politique, le mensonge par
calomnie. C’est à dire attaquer l’adversaire en faisant courir des rumeurs.
on est en 1733, maintenant pas si loin en 1981, la rumeur avait couru qu’en
cas de victoire de la gauche, les chars russes envahiraient Paris.
Il parle aussi de mensonge par addition. C’est à dire
donner à un personnage plus de réputation qu’il ne lui en appartient. Hervé Morin, il y a quelques jours, lorsqu’il
était encore candidat a bien expliqué avoir participé au débarquement en 1944, soit 17 ans avant sa naissance.
Jonathan Swift décortique aussi les mensonges, c’est ainsi
par exemple qu’il explique que la meilleure réponse pour détruire un mensonge, ce
n’est pas de nier mais d’opposer un autre mensonge. On pense alors à l’ancien ministre de l’environnement,
Jean-Louis Borloo accusé cette semaine dans la presse de vouloir prendre la présidence de
Véolia. L’intéressé, pour sa défense n'a pas réfuté l'information mais a expliqué avoir plusieurs propositions à
l’étude.
Cela dit, et comme le souligne Jonathan
Swift, tous ces mensonges sont salutaires puisqu’ils sont
faits pour le bien du peuple.
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