Vrai ou faux
Affaire Gérard Depardieu : est-il vrai que France Télévisions s'est engagé à ne plus diffuser de films avec l'acteur ?

France 2 a diffusé dimanche un film dans lequel joue Gérard Depardieu. Dès lors, des internautes ont accusé le groupe France Télévisions ne pas avoir tenu son engagement de supprimer l'acteur accusé de violences sexuelles de sa programmation. Mais c'est faux.
Article rédigé par Sonia Ghobri
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
L'acteur Gérard Depardieu lors du festival de Cannes, le 22 mai 2015. (GUILLAUME HORCAJUELO / MAXPPP)

Des internautes se sont étonnés de voir Gérard Depardieu à l’écran, dimanche 17 décembre, dans le film Illusions perdues, diffusé sur France 2. Car, selon eux, le groupe France Télévisions avait annoncé qu'il ne diffuserait plus de film avec l'acteur accusé de viols et d'agressions sexuelles.

Mais c'est faux, France Télévisions dément. "Il n'y a pas de boycott, on ne censure pas les œuvres. Parfois, il faudra peut-être les contextualiser. Je parle en général, au-delà du cas de Gérard Depardieu", rectifie Manuel Alduy, directeur du pôle cinéma de France Télévisions. "En revanche, on s'abstient de célébrer les participants à ces œuvres qui sont pris dans des accusations collectives", explique-t-il à notre consœur de France Inter, Alexandra Ackoun. 

Ces internautes se sont toutefois appuyés sur des articles. L'un des premiers a été publié par le site jeanmarcmorandini.com : "Le directeur du cinéma de France Télévisions, Manuel Alduy, annonce suspendre sur l'ensemble des chaînes du Groupe, la diffusion des films avec Gérard Depardieu et refuser toute nouvelle production dans laquelle pourrait figurer l'acteur", peut-on lire. L'intéressé a immédiatement démenti sur X : "Coucou morandiniblog. N'hésitez pas à regarder Complément d'enquête sur ce point, ce n'est pas exactement ce qui est dit."

Dans le magazine Complément d'enquête, intitulé "la chute de l'ogre" et diffusé le jeudi 7 décembre, Manuel Alduy a évoqué l'enquête publiée par Médiapart en avril dernier. La journaliste Marine Turchi a recueilli des témoignages accusant Gérard Depardieu de violences sexuelles. "La mise en accusation collective par une quinzaine de femmes, a eu comme conséquences immédiates pour nous, de revoir complètement de nos plans de diffusion. Il ne faut pas qu'on célèbre Gérard Depardieu, ce n'est juste pas possible. C’est la première chose pour nous. La deuxième, c’est qu’on a mis en pause les éventuels projets qu'on nous soumettrait avec Gérard Depardieu", a déclaré le directeur du cinéma de France Télévisions.  

"Pas de boycott" mais pas de mise à l'honneur non plus

Manuel Alduy regrette que ses propos aient été surinterprétés. Il ne s'agit pas de s'interdire la diffusion de films avec Gérard Depardieu, comme cela a été le cas dimanche soir dans le cadre "d'une programmation classique, hebdomadaire". En revanche, pas de soirée spéciale mettant à l'honneur le comédien car cela "laisserait penser que nous sommes indifférents, ce qui n'est pas vrai et pas juste", tient à souligner Manuel Alduy. Ainsi, après la parution de l'article de Médiapart, France Télévisions a renoncé à diffuser un film avec Gérard Depardieu en rôle-titre à l'occasion du festival de Cannes. "On a retiré le film et on le diffusera dans une case normale", précise-t-il avant d'ajouter : "C'est ça la suspension qui a eu lieu, et c'était il y a six mois."

France Télévisions va-t-elle financer de nouveaux films avec Gérard Depardieu ? 

Selon Manuel Alduy, "la question ne se pose pas" puisque le groupe n'a pas reçu de projet "avec Gérard Depardieu en rôle-titre depuis 18 mois". Sans adopter une position ferme, il confie sur France Inter que le groupe "aurait du mal" à financer de nouveaux films avec l'acteur, "sans davantage de développement dans les affaires en cours".

Toutefois, poursuit-il, "je suis assez persuadé que des projets reviendront avec Gérard Depardieu, s'il en a envie, et on jugera". Le directeur du pôle cinéma de France Télévisions estime que l'époque où "des films se sont montés sur son nom est terminée".

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