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Vrai ou faux
Est-ce vrai de dire que les NGT ne sont "pas des nouveaux OGM" et "qu'il n'y a pas de transformation génétique", comme le soutient Valérie Hayer ?
L'Anses a publié deux rapports sur le sujet ces derniers mois, et le Parlement européen vient de légiférer sur la question. Les nouvelles techniques génomiques (NGT), ces nouvelles méthodes pour produire des plantes plus résistantes, notamment pour l'alimentation de demain, font beaucoup réagir. Invitée de franceinfo, lundi 11 mars, la tête de liste Renaissance pour les européennes, Valérie Hayer, a affirmé que les NGT "ne sont pas des nouveaux OGM, il n'y a pas de transformation génétique". Vrai ou faux ?
Les NGT "permettent de modifier le matériel génétique d'un organisme"
C'est faux. Avec les nouvelles techniques génomiques, il y a bien une transformation génétique. Ces nouvelles méthodes "permettent de modifier le matériel génétique d'un organisme", peut-on lire sur le site du ministère de l'Agriculture. Les NGT se développent dans les laboratoires depuis plus de vingt ans : les chercheurs s'appuient sur une invention, CRISPR-Cas9, des ciseaux moléculaires, qui permettent de découper, inactiver et modifier de façon précise les morceaux d'ADN. L'objectif est de produire des plantes plus résistantes, face aux maladies ou au dérèglement climatique.
Les plantes, les fruits et les légumes produits grâce à ces techniques sont bien considérés comme des organismes génétiquement modifiés (OGM), depuis une décision de la Cour de justice européenne, rendue en 2018. "Les organismes obtenus par mutagenèse sont des OGM, au sens de la directive sur les OGM, dans la mesure où les techniques et méthodes de mutagenèse modifient le matériel génétique d'un organisme d'une manière qui ne s'effectue pas naturellement", écrit la Cour. Depuis 2018, les plantes issues des NGT sont donc soumises aux mêmes règles que les OGM.
Quelle différence entre plantes issues des NGT et OGM ?
Mais il y a bien des différences entre les plantes issues des NGT et les OGM. Dans le cas des OGM, les chercheurs introduisent dans l'organisme en question un gène étranger. On parle de transgénèse. Dans le cas des NGT, les chercheurs modifient directement le génome, de façon ciblée (mutagénèse), ils modulent l'expression des gènes par méthylation de l'ADN, ou ils transfèrent un gène d'une même espèce (cisgénèse).
Les partisans des NGT refusent donc de mettre sur le même plan les deux techniques et appellent à des réglementations différentes. Dans ce contexte, début février, le Parlement européen a approuvé un texte qui assouplit la réglementation de certaines plantes issues des NGT. Dans le détail, le texte prévoit deux catégories de plantes produites par NGT : d'un côté les plantes "qui pourraient également être obtenues naturellement ou par des techniques traditionnelles de sélection", qui seront donc encadrées par des règles assouplies, et les autres plantes issues des NGT, que l'on ne peut pas retrouver dans la nature et pour lesquelles la réglementation reste la même que pour les OGM. Le texte doit encore être approuvé par les États membres.
L'Anses appelle à la prudence sur les NGT
Mais dans le même temps, en France, l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), a publié deux rapports sur les nouvelles techniques génomiques. Dans le premier, l'agence analyse le règlement européen et appelle à des clarifications. Elle remet aussi en cause l'équivalence faite entre certaines plantes issues des NGT et les plantes conventionnelles, qu'on peut retrouver dans la nature. Dans son dernier rapport sur le sujet, publié le 6 mars, l'Anses appelle à la prudence sur les NGT, et invite à analyser chaque plante au cas par cas.
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