Vrai ou faux
Est-ce vrai que près de 30% des élèves de 6e ne savent ni lire ni écrire, comme l'affirme Marion Maréchal ?

En plein débat sur la mise en place de groupes de niveau au collège, la tête de liste Reconquête aux Européennes affirme que "près de 30% des élèves de 6e ne savent pas lire et écrire". Marion Maréchal exagère.
Article rédigé par Lise Roos-Weil
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Marion Maréchal, tête de liste Reconquête! aux Européennes, à Lyon le 3 octobre 2023. (MAXIME JEGAT / MAXPPP)

Les enseignants se sont mobilisés jeudi 1er février pour alerter sur leurs conditions de travail, leurs salaires mais aussi défendre l'école publique après les déclarations polémiques de leur ministre Amélie Oudéa-Castéra. Quelque 20% des enseignants étaient en grève selon le ministère, le double d'après les syndicats. En ligne de mire notamment : la mise en place de groupes de niveau au collège. L'occasion pour la tête de liste Reconquête! aux Européennes, Marion Maréchal, d'alerter sur le niveau des élèves : "Quand on a près de 30% des élèves de 6e qui ne savent pas lire et écrire, on fait des choix, le retour aux fondamentaux c'est ça", a-t-elle assuré sur RMC. Près de 30% des élèves ne savent ni lire ni écrire, vrai ou faux ? Franceinfo a vérifié.

Des difficultés pour lire et écrire

Marion Maréchal exagère. Il n'y a pas un tiers des élèves qui ne savent ni lire ni écrire, mais un tiers des élèves ont des difficultés à lire et écrire. Si on reprend les résultats des évaluations de français à l'entrée en 6e, réalisées en septembre dernière, 27% précisément des élèves se retrouvent dans les groupes 1 et 2, c'est-à-dire les groupes aux moins bons résultats. Ils sont 11% dans le groupe 1, qui comprend les élèves les plus en difficultés. Mais ça ne veut pas dire que tous ces élèves ne savent ni lire, ni écrire. Cela signifie qu'ils n'ont pas acquis toutes les compétences en lexique, en compréhension de texte ou encore en lecture.

Pour évaluer le niveau de français des élèves à l'entrée en 6e, les jeunes collégiens réalisent plusieurs épreuves : un test de lecture, une épreuve de compréhension de l'oral, une autre de compréhension de l'écrit et des exercices de lexique, de grammaire et d'orthographe. Dans chaque épreuve, il y a un seuil de réussite, un objectif à atteindre pour considérer que les compétences sont toutes acquises et maitrisées.

Un test de 90 mots lus en une minute

Lors du test de lecture, les élèves doivent lire le maximum de mots en une minute. Résultat : 17% d'entre eux n'ont pas réussi à lire plus de 90 mots en une minute, le niveau attendu en classe de CE2. Ce chiffre de 17%, c'est quasiment deux fois moins que le taux évoqué par Marion Maréchal quand elle affirme que "près de 30% des élèves ne savent pas lire et écrire". Par ailleurs, ces élèves savent pour la majorité lire, mais avec moins de fluidité que ce qui est attendu en 6e. Ils sont près de 60% à atteindre l'objectif de 120 mots lus par minute, le niveau requis au début du collège.

Pour l'écriture, il n'y  a plus de dictée dans les évaluations de 6e. Au test de grammaire, 15,5% des élèves n'ont pas acquis toutes les compétences, ils font partie du groupe d'élève "à besoins", qui nécessitent un accompagnement. Ils sont 20,6% à ne pas avoir acquis toutes les compétences en orthographe.

Des disparités en fonction des collèges ou entre filles et garçons

Il existe par ailleurs des disparités en fonction des collèges : dans les collèges REP +, les collèges d'éducation prioritaire, plus de la moitié des élèves ont des difficultés en français. C'est deux fois plus que la moyenne nationale. Globalement, les filles ont de meilleurs résultats que les garçons, dans toutes les épreuves. À noter aussi que les élèves qui ont l'habitude d'être en retard en classe ont systématiquement de moins bons résultats.

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