Vrai ou faux
L’opération Wuambushu a-t-elle mis en péril les habitants des bidonvilles à Mayotte ?

Le coordinateur de la France insoumise, Manuel Bompard, l'assure, alors que LFI est accusée de s'être opposée à la destruction des bidonvilles.
Article rédigé par Gérald Roux
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des bâtiments démolis du bidonville du quartier "Talus 2" à Koungou, lors de son démantèlement dans le cadre de l'opération Wuambushu à Mayotte, le 23 mai 2023. (PHILIPPE LOPEZ / AFP)

La députée de Mayotte, Estelle Youssouffa, accuse, dimanche 15 décembre, La France Insoumise de s'être opposée à la destruction des bidonvilles menée par le gouvernement depuis près de deux ans, au lendemain du passage du cyclone Chido, qui a ravagé l'île. Le député LFI, Manuel Bompard, rétorque que ces opérations, notamment l'opération Wuambushu, ont mis en péril les habitants. "L’opération Wuambushu a conduit au contraire à expulser des gens, à démanteler des bidonvilles, mais ça n’a pas permis de les remplacer par de l’habitat en dur, assure-t-il. Ça a poussé des gens à se déplacer à un autre endroit, à continuer à vivre dans un habitat plus précaire."

En réalité les deux disent vrai. Estelle Youssouffa (députée LIOT) a raison. La France Insoumise s'est effectivement opposée à cette série d'opérations de police, qualifiées en 2023 par Clémentine Autain (LFI) de "chasse aux pauvres". À l’époque, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, avait plusieurs objectifs : déloger des migrants illégaux (souvent comoriens), installés pour la plupart dans des bidonvilles, et lutter contre l'insécurité. Il avait aussi promis de reloger les personnes expulsées des bidonvilles.

Des centaines de logements détruits 

Lors de l'opération Wuambushu en 2023, 700 habitations en tôle ont été détruites, ce qui représentait les deux tiers de l'objectif fixé par Gérald Darmanin. Ensuite, en avril 2024, il y a eu l'opération Place Nette. Cette fois, le ministre visait la destruction de 1 300 logements, mais seulement la moitié a été réalisée. Concernant les personnes expulsées, Manuel Bompard affirme qu’elles se sont retrouvées dans des endroits enore plus précaires. C'est en partie vrai. D’après la Ligue des droits de l’homme à Mayotte, de nombreuses personnes délogées, souvent en situation irrégulière, vivent dans des conditions pires qu’avant les opérations de police.

Les autorités, quant à elles, affirment que 60 % des familles ont reçu une proposition de relogement, mais pour une durée de trois mois seulement, ce qu'elles ont souvent refusé. Il y a également eu 22 000 reconduites à la frontière en 2023.

Quoi qu’il en soit, les bidonvilles détruits – environ 1 350 au total – ne représentent qu’une petite partie des logements insalubres de Mayotte. En effet, selon l’Insee, en 2017, Mayotte comptait 24 000 baraques en tôle, abritant environ 100 000 personnes, la plupart étant des migrants. Ce sont précisément ces bidonvilles qui ont été les plus durement touchés par le cyclone.

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