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Vrai ou faux
La France a-t-elle autant réduit en 2023 ses émissions de gaz à effet de serre, que sur tout le mandat de François Hollande ?
En pleine campagne pour les élections européennes, la ministre déléguée auprès du ministre de l'Agriculture, Agnès Pannier-Runacher, assure que le gouvernement actuel a fait mieux que la gauche dans la lutte contre le réchauffement climatique. Selon elle, "c'est ce gouvernement et cette majorité qui a eu les meilleurs résultats en la matière". "Je rappelle que l'année dernière la France la France a baissé ses émissions de gaz à effet de serre de 4,8%, c'est la performance de l'intégralité du mandat du président Hollande donc on n'a pas de leçon à recevoir de la gauche en matière de lutte contre le dérèglement climatique", affirme-t-elle sur Sud Radio. Vrai ou faux ?
Une comparaison à prendre avec précaution
Les chiffres avancés sont justes, mais la comparaison est à prendre avec précaution. La France a bien baissé ses émissions de gaz à effet de serre de 19 Mt CO2e (unité de mesure qui englobe tous les gaz à effet de serre), soit de 4,8% entre 2022 et 2023, selon le dernier baromètre des émissions publié en mars dernier par le Citepa, l'association d'experts indépendants qui mesure les émissions mensuellement. Entre 2012 et 2017, la France a réduit ses émissions de 25 Mt CO2e, soit une réduction de 5,1% sur la période, peut-on lire dans le dernier rapport d'inventaire de l'association. Des chiffres similaires.
Pour rappel, les gaz à effet de serre sont des gaz présents dans l'atmosphère, et qui retiennent une partie de la chaleur du soleil. L'augmentation de leur concentration provoque une hausse des températures. Le dioxyde de carbone (CO2) est le principal gaz à effet de serre mais on retrouve aussi le méthane ou encore le protoxyde d'azote.
Les réductions d'émissions mesurées en 2023 et sur la période 2012-2017 semblent donc similaires mais les résultats de 2023 publiés par le Citepa ne sont pas encore consolidés, il s'agit de "pré-estimations". Ils ne sont donc pas calculés exactement de la même façon que les données de la période 2012-2017. Par ailleurs, le Citepa, contacté par franceinfo, prévient que faire ce type de comparaison dans le temps n'est pas pertinent.
L'influence de la hausse des prix de l'énergie
Les émissions de gaz à effet de serre dépendent en effet de multiples facteurs. Il est difficile d'attribuer une cause unique à une baisse ou à une hausse des émissions. Les facteurs conjoncturels jouent notamment un rôle important. Quand il fait doux en hiver, on baisse le chauffage. Quand le prix à la pompe grimpe, on essaye de moins prendre la voiture. Depuis deux ans et le début de la guerre en Ukraine, les prix de l'énergie ont explosé et la consommation a chuté. La consommation d'électricité par exemple a baissé de 3% sur l'année 2023, selon RTE. Ceci explique une bonne partie de la récente baisse des émissions, comme le précise le Citepa dans son dernier rapport.
Les politiques publiques mises en place ont aussi un effet sur les émissions mais à plus ou moins long terme. Il est difficile de mesurer l'effet précis et la date exacte à partir de laquelle des mesures portent leurs effets. Concernant la rénovation énergétique des bâtiments, par exemple, qui permet de réduire les émissions, un grand plan de rénovation avait été lancé dès 2013. Un effort poursuivi par les gouvernements suivants. Les mesures pour le climat se décident aussi souvent à l'échelle de l'Union européenne. Il est donc difficile d'attribuer les bons résultats uniquement à la politique menée par le gouvernement actuel.
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