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Vrai ou faux
Législatives 2024 : des candidats non-investis par l'alliance de gauche utilisent malgré tout le logo du Nouveau Front populaire
Ismaël Boudjekada, accusé de tenir des propos homophobes, est-il un candidat du Nouveau Front populaire ? Invité sur Sud Radio, le candidat de la 9e circonscription des Français de l'étranger, présenté un premier temps par le média comme un "candidat du Nouveau Front populaire", a jugé que l'homosexualité n'était "pas dans l'ordre des choses". Les réactions ont été très rapides. "Ça continue...les amis du Front populaire islamiste persistent à s'en prendre aux gays", écrit sur X le député sortant du Rassemblement national, Sébastien Chenu. Les propos d'Ismaël Boudjekada sont aussi dénoncés par le candidat Renaissance à Paris, Clément Beaune. Les tweets se multiplient, présentant Ismaël Boudjekada comme un candidat du Nouveau Front populaire.
Un candidat "divers gauche" qui se présente comme "soutenant le Nouveau Front populaire"
C'est faux. Le coordinateur de la France insoumise, qui fait partie de l'alliance de gauche, Manuel Bompard a démenti sur X : "Cette personne n’est pas membre de la France insoumise et n’est pas le candidat du Nouveau Front populaire. Stop à la désinformation." Sur le site du ministère de l'Intérieur, Ismaël Boudjekada est inscrit comme candidat "divers gauche". Karim Ben Cheïkh est le candidat sous la bannière Nouveau Front populaire.
La confusion vient d'abord du site officiel France diplomatie, qui recense les candidats des Français de l'étranger, où Ismaël Boudjekada est inscrit sous la bannière "Nouveau Front populaire". C'est une erreur. Le candidat alimente aussi le doute. Sur son affiche officielle et tous ses éléments de communication, on retrouve le logo du Nouveau Front populaire, avec écrit en petit "candidat soutenant le Nouveau Front populaire", ce qui prête à confusion.
Une "volonté de tromper les électeurs"
Ce n'est pas le seul candidat à utiliser à logo Nouveau Front populaire sans être candidat de l'alliance. La coalition, contactée par franceinfo, dénombre une "demi-douzaine" de candidats qui "se revendiquent de l'étiquette du Nouveau Front Populaire". "Nous sommes confrontés à des usurpations", réagit l'équipe de campagne. Parmi eux : Raquel Garrido et Alexis Corbière, candidats en Seine-Saint-Denis, ou encore Danielle Simonnet, en campagne à Paris. Des Insoumis qui n'ont pas obtenu l'investiture de la France insoumise et qui sont repartis en campagne sous l'étiquette officielle "divers gauche". Sur son compte X, Danielle Simonnet se présente même comme "candidate du Nouveau Front populaire". Elle met le logo officiel du mouvement sur ses affiches. Raquel Garrido utilise la mention "Front populaire".
Interrogé par franceinfo, le Nouveau Front populaire annonce qu'il va adresser des courriers de mise en demeure à ces candidats pour qu'ils cessent d'utiliser le logo et le nom du Nouveau Front populaire. Ces candidats "profitent du brouillage des repères, il y a une véritable volonté de tromper les électeurs", dénonce le Nouveau Front populaire. "Si nécessaire, nous saisirons le tribunal", insiste l'équipe de campagne. Selon nos informations, le parti Europe Écologie les Verts a aussi envoyé des courriers aux candidats dissidents se revendiquant de l'étiquette Nouveau Front populaire et qui avaient apposé le logo des Verts sur leur affiche, comme Alexis Corbière.
Le Nouveau Front populaire envisage de saisir la justice pour non-respect de la "sincérité du scrutin"
Les logos sont en effet des créations protégées par des droits d'auteur. Ils ne peuvent pas être utilisés par n'importe qui. Le mouvement ou le parti politique qui en est propriétaire, ou le créateur du logo, peuvent saisir la justice. Le Nouveau Front populaire envisage aussi de saisir le tribunal administratif pour "non-respect de la sincérité du scrutin", une notion inscrite à l'article L116 du code électoral. C'est ensuite au juge de trancher.
Le Conseil d'État a, par exemple, déjà confirmé l'annulation d'élections municipales en 2021 pour une utilisation irrégulière de logos sur des tracts électoraux. Le juge a estimé qu'il existait un risque de confusion pour les électeurs parce qu'un des candidats avait apposé les logos de divers associations. On pouvait croire à un soutien de ces associations. Plus récemment, en pleine campagne pour les élections législatives 2024, le tribunal administratif de Lille a, au contraire, autorisé la candidate dissidente de gauche Amy Bah à mentionner le Nouveau Front populaire sur son matériel de campagne. La justice a rejeté la demande du candidat investi pour l'alliance de gauche dans le Nord, Aurélien Le Coq. Le juge des référés a conclu que "l'existence d'une atteinte grave et manifestement illégale à la sincérité du vote n'était pas suffisamment établie".
En cas de victoire d'un de ces candidats dissidents, le Nouveau Front populaire prévoit de "faire un recours auprès du Conseil constitutionnel pour faire annuler les élections".
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