Xavier Niel (Free) dit-il vrai sur le poids de l'industrie numérique en France ?
Vrai.
Le constat. L'industrie numérique, c'est-à-dire la rencontre
entre l'informatique et les télécoms, n'a pas joué en France ni en Europe le rôle
moteur qu'elle a joué dans l'économie américaine sur les trente dernières
années. "Plus le secteur numérique est important et plus la croissance est forte", explique Michel Didier, patron de l'institut d'études économiques Coe-Rexecode. "Le développement du secteur numérique a représenté sur les trente dernières années un point de la croissance américaine. En France, en Allemagne, en Europe, le développement du numérique, moins rapide, n'a représenté qu'un demi-point de croissance", poursuit l'économiste.
Les explications. Ce retard de développement de l'industrie numérique qui continue de plomber la croissance européenne, s'explique d'abord par un problème de compétitivité dans le domaine des matériels numériques, comme dans d'autres pans entiers de l'industrie d'ailleurs. "Ce problème, connu et reconnu, pénalise tout le secteur du numérique et donc tout l'aval aussi", avance le patron de Coe-Rexecode.
Mais il y a aussi un probème d'infrastructures, de réseaux de télécommunications qui sont dépassés, saturés. Il va donc falloir construire tout un réseau nouveau de télécom pour accueillir le très haut débit. Et cela va coûter très cher, au moins 20 milliards d'euros.
Le problème est que les entreprises qui devraient
investir aujourd'hui dans les réseaux du futur — France Telecom au premier plan
— ne sont pas celles qui bénéficient des plus grosses marges du secteur. Ces
marges vont avant tout aux entreprises de contenus qui sont, pour beaucoup,
américaines, comme Google.
Car la pression des prix est si forte sur les opérateurs télécom — et Free n'y est pas étranger — que cela
réduit considérablement leurs marges, et donc leurs capacités d'investissement.
Les solutions. Pour résoudre la quadrature du cercle,
il va donc falloir trouver un moyen de ponctionner ceux qui touchent le pactole. Un moyen de faire payer les réseaux télécom du futur par ceux qui les utilisent. A ce
prix seulement, le numérique tiendra son rang dans la croissance européenne.
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