"Cinq méditations sur la mort, autrement dit sur la vie", de François Cheng
François Cheng est une sorte de merveilleuse synthèse
vivante du monde. Il s'est construit sur deux cultures, la culture chinoise, il
est issu d'une grande famille de lettrés de Nankin, et la culture française où
il s'est épanoui au point de devenir, aujourd'hui, académicien. François Cheng
est à la fois romancier, poète, et calligraphe.
Ces méditations sur la mort, c'est un peu comme si François
Cheng nous parlait à nous, au creux de l'oreille, au creux du cœur. Au départ,
elles sont nées d'échanges avec des amis réunis dans une salle de yoga. Ce
n'est donc pas un cours magistral, mais plutôt une conversation que nous allons
entendre. Une conversation émaillée de citations, de remarques liées aux corps,
à l'esprit, et qui commence par une chose, importante. François Cheng précise
en effet qu'il se situe, lui, dans l'ordre de la vie.
Il est venu, dit-il, de
ce que jadis on appelait le tiers-monde. "Nous formions alors la
tribu des damnés, des éternels crève-corps, crève-cœur, porteurs de souffrances
et de deuils, si mal gâtés que la moindre miette de vie était reçue par nous
comme un don inespéré. " Simplement, parce qu'il était de santé fragile, il a
toujours pensé qu'il mourrait jeune. Et c'est cette double conscience, à la
fois que la vie est précieuse, et qu'elle est courte, qui lui a donné ce regard
si poétique sur la vie.
Ce que propose François Cheng c'est d'inverser notre regard : "au lieu de dévisager la mort à partir de ce côté-ci de la vie, nous
pourrions envisager la vie à partir de notre mort conçue non comme une fin
absurde mais comme le fruit de notre être ". Cela veut dire qu'en nous
préoccupant de cette énigme, qui met un lien entre notre présence et notre
absence définitive, on voit notre existence avec une nouvelle profondeur de
champ.
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