Dans les coulisses des "Cités obscures"
Le site de la grande Bibliothèque François Mitterrand ressemblerait presque à un décor des BD Les Cités obscures : quatre tours, comme quatre immenses livres ouverts en plein
ciel sur une dalle de béton démesurée qui domine la Seine. Au centre, en creux,
un jardin, presqu'une forêt.
L'exposition dans les coulisses des Cités obscures provient de la donation faite il y a un an par deux très grands auteurs de bande dessinée, Benoît Peeters et François
Schuiten, à qui l'on doit la série des Cités obscures . Cet ensemble de romans
graphiques aux propos ambitieux compte aujourd'hui une douzaine de
livres. Qui sont autant de réflexions sur la culture, la mémoire, les rapports
entre géographie et histoire, urbanisme et esthétique, organisation politique
et contingence matérielle.
Graphiquement,
le trait de François Schuiten est classique, très XIXe siècle. On y reconnaît
à l'évidence par exemple les influences des gravures qui accompagnaient les
éditions originales des romans de Jules Verne. Mais ce dessin presque daté porte
une mise en scène à bien des égards avant-gardiste. Du moins l'était-elle quand
sont parus les premiers titres dans les années 80.
De la
bande dessinée franco-belge
On
ne peut pas mieux dire: Benoît Peeters est français et François
Schuiten est belge. Amis d'enfance, ils ont fréquenté le même lycée de
Bruxelles. Ils se sont un peu perdus de vue, le temps que l'un devienne romancier,
l'autre dessinateur. Et vite retrouvés avec l'envie de travailler ensemble à
défaut de savoir comment. Jusqu'à la mise en chantier des Murailles de Samaris , un choc
pour les lecteurs des magazines A suivre et autre Metal Hurlant , dans les années 1980.
Suivront
d'autres récits, d'autres ambiances : La Tour , L'Enfant
penchée , L'Ombre d'un homme , pour ne citer avec Les Murailles de Samaris que les titres des albums que les auteurs ont
offert à la Bibliothèque nationale de France. Et ils ont tout donné de ces quatre moments de leur parcours : l'intégralité des planches, la mise en couleur,
mais aussi les carnets de croquis, les feuillets de scénarios, les échanges
tâtonnant entre les deux créateurs. L'exposition nous propose ainsi de rentrer
dans le processus créatif. Et de comprendre ce qui fait l'unité de la série.
Et
pour les fans, une information : Benoît Peeters et François Schuiten préparent
un nouvel album à quatre mains. Mais ce ne sera pas un nouvel opus des Cités
obscures dont ni l'un ni l'autre ne peut dire si les portes en sont
définitivement refermées.
Les coulisses des Cités obscures à découvrir dans la galerie des donateurs de la BNF site Tolbiac (Paris XIIIe) jusqu'au 15 juin.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.