"Les Lunes de Mir Ali", de Fatima Bhutto
Les lunes de Mir Ali , c'est l'histoire de trois frères, et d'un réflexe qu'on a tous eu quand on pense à la mort. On est la première journée de l'Aïd, la grande fête religieuse musulmane qui marque la fin du ramadan.
La ville est en effervescence à cause des préparatifs de la fête. Mais encore plus parce que l'on est dans les zones tribales, et que les militaires sont tendus : il s'agit d'assurer pleinement la sécurité du gouverneur dans une région pleine qui grouille d'indépendantistes depuis presque 50 ans. Indépendantistes, parce qu'ils ne supportent plus d'être traités pire que des citoyens de seconde zone, mais carrément comme des terroristes ou des traitres. Les trois frères doivent tous aller prier et prendre soin de leur mère. Ils vont dans trois mosquées différentes pour ne pas laisser leur mère toute seule au cas où l'une d'elle était attaquée. Trois frères qui ont fait les trois choix possibles dans cette région du Pakistan où il est vraiment très difficile de vivre.
Fatima Bhutto, est non seulement une jeune femme pleine de vie, de 32 ans, qui a le journalisme et la vérité chevillée au corps, mais aussi, l'héritière de la famille la plus célèbre du Pakistan, les "Kennedy du Pakistan", comme on les surnomme, à savoir la famille Bhutto. Famille puissante, mais marquée par la mort puisque son grand-père, qui fut le président Zulfikar Ali Bhutto, a été exécuté en 1979, trois ans avant que Fatima naisse. Shanawaz, son oncle, a été empoisonné. Son propre père, Murtaza Bhutto, a été tué par balles devant leur maison de Karachi alors que Fatima venait d'avoir 14 ans. Sa tante, Benazir Bhutto, fut tuée dans une explosion en 2007.
Fatima Bhutto, c'est quelqu'un de très célèbre dans le sous continent indien, parce qu'elle a déjà fait couler beaucoup d'encre avec un livre précédent, Le chant du sabre et du sang , dans lequel elle avait révélé certains aspects sombres de la tragédie familiale : notamment que c'est sa tante, Bénazir, qui a dû commanditer la mort de Mir et Shanawaz pour avoir les mains libres, et concentrer le pouvoir entre ses mains.
Pour autant, Fatima n'est pas quelqu'un qui a soif de revanche politique, qui veut faire couler le sang en retour. Fatima, elle a choisi l'écriture : l'année qui a suivi la mort de son père, elle lui a dédié un recueil de nouvelles, s'est lancée ensuite dans le journalisme où sa plume mordante a plusieurs fois épinglé la façon dont son oncle, le veuf de Benazir, qu'on surnomme "Monsieur 10%", régentait le pays, elle a publié aussi un livre sur le tremblement de terre de 2005 qui a dévasté le nord du pays, et désormais, elle se lance dans la fiction avec ce premier roman, Les lunes de Mir Ali , chez Escales
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