Le Sénégal sous tensions à quelques jours de la présidentielle
Delphine Gotchaux a recueilli pour France Info des témoignages à Dakar, où la jeunesse manifeste tous les jours pour exprimer son refus d'une nouvelle candidature pour Abdoulaye Wade.
Salvatore Sagues est chercheur à Amnesty International en charge de l'Afrique de l'Ouest. Il nous explique que le sentiment dominant est la déception, après les attentes de sa première victoire en l'an 2000. Wade représentait à l'époque une alternance nouvelle et le signe d'une forme de maturité politique pour le pays depuis son indépendance.
50% de la population a moins de 20 ans, et cette jeunesse se sent marginalisée pour deux raisons : la corruption généralisée, "le mérite ne compte plus " et l'enrichissement indécent d'une classe proche du pouvoir en place. L'égalité des chances n'existe pas explique Salvatore Sagues :
"La principale préoccupation de la population sénégalaise : la restauration de l'état de droit et de la justice pour tous."
La candidature d'Abdoulaye Wade pose surtout un problème légal. Il a modifié la constitution sur ce sujet en 2001 et estime que ce changement ne peut pas s'appliquer à ce cas précis. Son âge, plus de 85 ans, est aussi un frein pour une population si jeune.
Salvatore Sagues est plutôt pessimiste quant à la suite des évènements. L'absence d'opposition construite et d'un programme d'alternance peut conduire à un blocage absolu de la vie politique sénégalaise.
Enfin, pour un pays n'ayant jamais connu de coup d'état et à l'armée républicaine depuis l'indépendance, le danger de réveiller des véléités de pouvoir chez les militaires est réel.
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