Cet article date de plus d'onze ans.

Le piège blanc

Vincent Berthet et Alban Michon ont longé la côte Est du Groenland à bord de deux kayaks de mer. Une navigation de 51 jours au milieu des glaces, des ours blancs et des requins.
Article rédigé par Régis Picart
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
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Lorsqu'ils se mettent
à l'eau à bord de leurs kayaks le long du Groenland, Vincent Berthet et Alban
Michon savent que l'ambiance n'aura rien à voir avec celle de "la
croisière s'amuse".

Partis du
nord, ils prévoient de suivre la côte est sur 1.000 kilomètres. C'est un
no man's land qu'il faut traverser à la force des poignets, à coups de pagaies
mais leurs deux kayaks pèsent 300 kilos chacun. La limite pour ne pas couler.

Leur objectif
est d'aller observer les icebergs par dessous et c'est Alban Michon, le
plongeur. Avant d'en arriver là, il faut pagayer contre le vent, dans une houle
parfois bien formée, au milieu de la glace qui se fait et se défait. A certains
moments, la glace se resserre à tel point qu'Alban doit plonger pour tirer les
kayaks incapables d'avancer. Il faut aussi pomper pour évacuer l'eau glaciale
qui ne manque pas de pénétrer dans les embarcations.

Vincent
Berthet et Alban Michon nous font vivre cette odyssée marine et sous-marine
dans un superbe film de Thierry Robert, "le piège blanc". Il y a
aussi un livre au même titre disponible sur Internet.

Ils en ont
bavé les deux kayakistes. Il leur est même arrivé de pagayer vingt heures par
jour, dans la glace et le brouillard. Mais la récompense, la vision des
icebergs sous l'eau, est un véritable enchantement. Il y a les formes, les
couleurs, la masse et aussi la faune qui se développe tout autour. De petits
animaux diaphanes comme des méduses, des anges de la mer ou des cténophores et
aussi l'ours blanc qu'ils ont vu sous l'eau et le requin du Groenland.

Alban Michon a déjà exploré le
dessous de la banquise avec une autre expédition, il y a quelques années, mais
il ne connaît pas encore l'iceberg dont on n'aperçoit, en surface, qu'un
neuvième de son volume. Un monstre qui peut se révéler dangereux....

"Si j'ai un truc
à retenir c'est vraiment le côté sournois de l'iceberg. Il peut vraiment
basculer aux risques d'être dessous, il fait du bruit, quand on entend craquer,
c'est vraiment un coup de fusil. C'est très impressionnant ! Un coup de fusil à
proximité du plongeur. C'est vraiment surprenant également. Donc les icebergs,
oui, c'est vraiment sournois. C'est très joli. Ca a un relief sous-marin tel
une balle de golf. Ca peut avoir un peu d'érosion. Et puis, on a aussi sur
certains icebergs des colonnes de glace qui peuvent descendre très, très
profondément. Moi, je suis descendu jusqu'à une quarantaine de mètres de
profondeur et ça continuait jusqu'au noir des abysses."

Alban Michon
et Vincent Berthet sont finalement arrivés à bon port mais dans le plus strict
anonymat. Après 51 jours de navigation hasardeuse, après avoir transpiré par
moins 20 degrés, ils ont pris une grande leçon d'humilité. Ce genre d'exploit
n'impressionne pas les Inuits. 

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