Delphine Renard, une petite fille victime de l'OAS
C'est dans Paris Match que les Français vont découvrir les
images de cette petite fille au visage ensanglanté. Très vite l'OAS (L'Organisation
armée secrète) est pointée du doigt et la vie de Delphine
Renard, aujourd'hui psychanalyste, prend un nouveau tournant.
Delphine Renard ira d'hôpital en d'hôpital, subira des
opérations en série, mais finira par perdre son oeil. Elle grandit, suit des
études brillantes et devient critique d'art, puis psychanalyste. A 29 ans, elle
perd son deuxième oeil. Encore une conséquence, tardive, de l'attentat.
Souvenirs
Delphine Renard ne parle pas d'attentat mais d'accident. "On
a toujours dit ce mot dans ma famille. Je me souviens d'un grand trou noir,
comme un basculement dans quelque chose d'inconnu, avec un bruit énorme et l'impression
d'avoir perdu tous mes repères. Puis tout le monde est arrivé et après j'ai
oublié. J'ai essayé par la suite de me décoller de cette histoire, de me
désidentifier de cette petite victime à laquelle tout le monde me ramenait. "
Des manifestants tués
Le lendemain de l'attentat, des milliers de personnes
manifestent à Paris malgré l'interdiction du préfet de police, Maurice Papon,
pour protester contre les attentats. La police charge et neuf personnes
sont tuées.
"Je me sens redevable vis-à-vis de ces neuf personnes
qui ont été tuées par la police. Cette manifestation au métro Charonne continue
à marquer ma vie. Je fais partie de l'association Comité Vérité et justice pour
Charonne car ces victimes de la police n'ont jamais vraiment eu de
reconnaissance par l'Etat. J'espère que cela viendra. "
La vie après l'attentat
Très souvent des passants la reconnaissaient dans la rue :
"Vous ne seriez-pas la petite Delphine Renard ? ". Des attitudes qu'elles
trouvaient insupportables à l'époque et qui la touchent rétrospectivement. "Les
enfants ne connaissaient pas l'histoire et j'avais beaucoup de mal avec eux et
leurs réflexions. "
"Il m'a fallu plusieurs décennies pour arriver à prendre
suffisamment de distance par rapport à cet attentat et pour me construire. Maintenant
que j'ai réussi à me construire en me distanciant de cet évènement je peux en
parler. Ce qui a été déclencheur c'est de me rendre compte que la politique
mémorielle faisait plus de place aux anciens terroristes de l'OAS qu'à leurs
victimes. "
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