Patricia Filali, séquestrée trois ans par son père en Algérie
En 1978, Patricia Filalil a 16 ans et sa sœur
Nadia, 18 ans. Elles vivent à Reims et s'apprêtent à partir en Algérie avec
leur père pour les vacances. "On était censé partir pour des vacances qui
ont viré au cauchemar puisqu'au bout de 10 jours, notre père est parti en nous
disant qu'il reviendrait dans trois semaines. Mais trois semaines plus tard, il
nous a dit : vous restez là, je ne vous emmène pas. "
Une annonce terrible pour Patricia et sa sœur
qui vivaient à ce moment là avec des amis de leur père, des gens qu'elles ne
connaissaient pas. Au départ, les deux jeunes filles ne veulent pas y croire et
espèrent que leur père va revenir. Mais très vite elles se rendent à l'évidence,
il ne reviendra pas.
Leur mère, femme au foyer française d'origine suisse, restée à Reims avec leur petite sœur, va tout faire pour les
récupérer. "Ma mère a fait toutes les démarches pour nous ramener en France. Mais sans succès. "
Les deux jeunes filles qui ne parlent alors par l'arabe
découvrent le mode de vie de la famille où elles sont. "C'est une vie où
on est enfermé, où les femmes ne sortent pas et sont, à cette époque là, toutes
voilées. " L'objectif de la famille qui les accueille est de les marier.
Mais Patricia et sa sœur vont résister, du moins pendant 18 mois. Ensuite Nadia
va baisser les bras n'y croyant plus et finira par se marier.
Une amie de sa sœur lui conseille d'écrire à un certain Monsieur Müller,
un détective privé, spécialisé dans la récupération d'enfants enlevés. Elle le
fait et Monsieur Müller lui répond : "Si vous voulez rentrer en France,
restez le maximum de temps chez votre sœur. " Il fait les démarches
et Patricia Filali réussit enfin à quitter l'Algérie.
Trente ans après, Patricia revient sur son passé douloureux
: le kidnapping, les trois années de séquestration en Algérie avec sa sœur
Nadia, son évasion spectaculaire, puis le long chemin de la nécessaire
reconstruction. Nadia, elle, s'est mariée là-bas. Désormais séparées mais liées
par une correspondance régulière, elles vivent un destin opposé où la
réconciliation avec le père a fini par s'imposer.
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