"Dans la peau de Blanche Houellebecq" : voyage en absurdie
Dans la peau de Blanche Houellebecq est le troisième volet de l'improbable trilogie houellebecquienne de Guillaume Nicloux. Après L'enlèvement de Michel Houellebecq et Thalasso, le réalisateur, qui passe sans cesse d'une forme à l'autre, retrouve le célèbre écrivain en cherchant encore à, selon ses mots, "tisser un rapport" entre ce qu’est réellement Michel Houellebecq, et le personnage qu'il joue.
Entre fiction et incursions du réel, acteurs de métier et non-professionnels, le film s'envole vers les Antilles pour un concours de sosies de Michel Houellebecq, présidé par Blanche Gardin, en présence de l'écrivain. Sensible à la question coloniale, Guillaume Nicloux évoque très sérieusement le sujet en Guadeloupe, entre deux scènes absurdes et hilarantes.
Ce qui est indéniable chez lui, quoi que l'on pense de Houellebecq, c'est son inoxydable optimisme sur la nature humaine et la possibilité de rencontres. Pas gagné au départ, quand on se souvient, c'était juste avant le tournage, en 2022, des propos nauséeux et racistes échangés entre Michel Houellebecq et Michel Onfray, dans la revue de ce dernier.
Évidemment, ce n'est pas ce film qui posera un avis définitif sur Michel Houellebecq, mais on a envie de penser que le Houellebecq de Guillaume Nicloux s'approche de la réalité. Il y a ici une forme d'utopie, d'un univers où on peut encore se parler sans se trucider, où l'humour est une arme de survie, et ce qui est montré des Antilles vaut le détour : le chauffeur de limousine, c'est son métier dans la vraie vie, qui ne parle qu'en créole à Michel Houellebecq et Blanche Gardin, dit ce qu'il pense de la France, il est tout sauf un figurant.
Il reste encore demain de Paola Cortellesi
Ce long métrage est réalisé par Paola Cortellesi, qui joue aussi le rôle principal, celui de Delia, une mère au foyer dans le quartier populaire de Testaccio, à Rome, en 1946, date symbolique puisqu'elle correspond au droit de vote donné aux femmes italiennes, après la Seconde Guerre mondiale. Delia encaisse chaque jour des commentaires dégradants de ses trois enfants, de son beau-père malade et alité, et de son mari, qui, pour ne rien arranger, la frappe à peu près chaque jour.
Et c'est l'une des qualités du film : se saisir de la question des violences conjugales, question encore vivace en Italie de nos jours, avec un grand nombre de féminicides chaque année (un toutes les 72 heures), comme en France. Ce qui explique aussi le succès du film sur place, avec pas moins de cinq millions d'entrées.
Il reste encore demain n'est pas parfait, il y a parfois un mélange entre drame et comédie, ou encore l'addition de musiques modernes, qui ne fonctionne pas toujours. Mais le film est fort, pour ce qu'il évoque. Les acteurs sont bons, il y a aussi des scènes toutes simples et magnifiques, comme ces moments de liberté en secret de Delia avec son amie, et on sent un hommage aux films néoréalistes italiens, mais aussi à ces comédies un peu outrées des années 50-60.
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