"L'esprit Coubertin", satire au pistolet

Les sorties cinéma de la semaine avec Thierry Fiorile et Matteu Maestracci : "L'esprit Coubertin" de Jérémie Sein et "La vie selon Ann" de Joanna Arnow.
Article rédigé par Thierry Fiorile, Matteu Maestracci
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Benjamin Voisin et Emmanuelle Bercot dans le film "L'esprit Coubertin" de Jérémie Sein (BAC FILMS)

L'esprit Coubertin de Jérémie Sein

L'esprit Coubertin est une comédie qui imagine un début de Jeux olympiques à Paris catastrophique pour les athlètes français, avec aucune médaille à la clé, ce qui fait forcément un peu tâche pour des JO à domicile. Au point de provoquer les moqueries désespérées du public et des spectateurs, ce qui est très français, comme le fait que, d'un coup, tous les espoirs du pays vont se porter sur une personne, un champion, et son sport plus ou moins de niche.

En l'occurrence : le maladroit et très raide (et vierge, ce qui a son importance) Paul Bosquet, champion du monde de tir, entiché de sa coach Sonia, jouée par une Emmanuelle Bercot aux tresses rasta et en roue libre. Après deux olympiades ratées en raison d'une mononucléose et du covid, il entend bien s'imposer. C'est trash et potache, parfois vulgaire mais disons-le souvent hilarant et le réalisateur Jérémie Sein s'est aussi amusé, derrière le rire, à gratter un peu le chauvinisme gaulois et les valeurs parfois dévoyées de l'olympisme. 

Vous l'aurez compris, on rit beaucoup, parfois même de gêne, et il faut en cela saluer l'hilarant casting, avec (y compris dans des petits rôles) Laura Felpin, Grégoire Ludig, Rivaldo Pawawi, Suzanne De Baecque, Aure Atika, Suzy Bemba, ou encore le duo DAVA.

La vie selon Ann de Joanna Arnow

Premier long-métrage de cette New-yorkaise qui joue elle-même le rôle principal et qui embarque dans son film ses parents et quelques amis. Ann est une trentenaire qui s'ennuie terriblement dans sa vie, professionnelle, familiale et intime. Son loisir principal, la soumission : elle rencontre des partenaires anonymes, assouvit leurs fantasmes de façon décomplexée, en se disant sans doute qu'au moins dans ce cas de figure, c'est elle qui choisit ses propres aliénations.

Très souvent nue à l'écran, sans aucune recherche esthétique, Ann enchaîne les scènes BDSM, à l'opposé de l'image classique ultra-érotisée du genre. Son mutisme, les silences, les quiproquos, le montage déroutant du film, c'est franchement drôle.

On peut ne pas adhérer à cet humour estampillé intello new-yorkais ou, au contraire, trouver ces scènes décalées, sur le fil du rasoir, hilarantes. Saluons le talent de Joanna Arnow pour tenir son récit, qui dit beaucoup des solitudes contemporaines et son art du montage, aussi surprenant que le reste.

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