"L'Établi" : la nostalgie camarade…
L'Établi de Mathias Gokalp, adapté du célèbre livre-manifeste de Robert Linhart, c'est l'histoire de Robert Linhart lui-même, universitaire qui a choisi de travailler à la chaîne, dans une usine Citroën dans la foulée de Mai 68.
L’établissement, c’était chez les maoïstes, et oui, il y a eu en France des maoïstes, une stratégie révolutionnaire, consistant à envoyer à l’usine des intellectuels, pour partager la condition ouvrière et préparer le soulèvement à venir, qui n’est jamais venu. Robert Linhart a été l’un de ces militants, Swann Arlaud l’incarne à merveille, et on le voit se faire embaucher, en taisant évidemment ses diplômes et le poste qui l’attend à la fac. On le voit faire ses débuts à la chaîne, au montage des 2CV, et découvrir dans sa chair la dureté du travail qui abrutit, et la violence des rapports humains à l’usine.
Jusqu’à quand pourra-t-il cacher sa vraie identité aux autres ouvriers ? Arrivera-t-il à les entraîner dans la lutte ? A quel prix ? Ce sont les enjeux de ce mouvement et du film, à travers un personnage dont la sincérité n’est pas en cause. L’Établi raconte une époque disparue, quand il y avait en France une classe ouvrière, des intellectuels de gauche audibles, des mouvements révolutionnaires, et des syndicats-maison violents, liés au patronat.
Même si l’image est un peu lisse, c‘est bien restitué, et sur le rapport au travail, l’engagement, on fait naturellement le lien avec aujourd’hui, il y a là, belle matière à réflexion.
Les Trois Mousquetaires : D'Artagnan de Martin Bourboulon
Après pas moins d'une quarantaine d'adaptations à ce jour, en films, séries ou même dessins animés de l'œuvre d'Alexandre Dumas parue en 1844, voici la version 2023, produite par le mastodonte Pathé, avec un budget estimé à 72 millions d'euros pour ce premier chapitre, D'artagnan, et le deuxième, Milady, qui sortira mi-décembre, juste avant Noël.
Une sortie tonitruante – difficile de ne pas en avoir entendu parler cette semaine – un casting XXL, avec François Civil, Vincent Cassel, Romain Duris, Pio Marmaï pour le fameux quatuor, mais aussi Eva Green, Lyna Khoudri, Vicky Krieps, Louis Garrel, et de nombreux seconds rôles venus du théâtre. Et une version qui respecte la trame de l'œuvre originale, en la modernisant au passage, avec un soin particulier accordé aux nombreux détails.
A l'arrivée, ce premier volet est une belle réussite, alors que le risque de plantage était élevé pour un projet aussi attendu (on se souvient par exemple du dernier Astérix en date, également produit par Pathé). Les acteurs sont bien, mention spéciale à un Louis Garrel, parfait et très second degré dans le rôle d'un autre Louis, le roi Louis XIII, du rythme, de l'humour, et des scènes de combat assez réussies également, comme cet affrontement à l'aube, entre D'Artagnan et Milady, à cheval au bord des falaises anglaises. Très jolie scène, et donc un divertissement plus que correct, qui devrait marcher en salles.
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