"Le Royaume" : la tragédie corse de Julien Colonna
Dans Le Royaume de Julien Colonna, nous sommes en Corse dans les années 90, et on suit Lésia, une adolescente qui, comme tous les ados insulaires, passe ses journées d'été entre la plage et le village.
Un jour, sa tante vient la chercher plus tôt que prévu, et l'emmène à des motards qui eux-mêmes la transportent dans un lieu tenu secret. Kidnapping ? Pas vraiment, elle retrouve son père, Pierre-Paul, entouré de ses lieutenants chef de gang en planque, et conscient qu'une guerre va bientôt éclater entre factions mafieuses.
Et si cette violence est inévitablement au cœur du film, et lui donne son tempo, l'histoire et la mise en scène se concentrent beaucoup plus sur cette histoire de filiation, et même une histoire d'amour entre un père, conscient qu'il n'a pas joué son rôle comme il aurait dû, et une ado qui comprend (sans doute trop tard) les activités peu recommandables de son paternel.
L'histoire personnelle de Julien Colonna est assez semblable, son père était une figure du milieu corse, disparue en 2006. Impressionnant dans sa mise en scène pour un premier long-métrage, Le Royaume se nourrit donc à la fois des souvenirs et de l'histoire familiale de son réalisateur, mais en la faisant incarner habilement par un personnage féminin.
Une part manquante de Guillaume Senez
Le réalisateur voulait retrouver Romain Duris, qu'il avait filmé dans Nos batailles en 2018, et explorer une fois de plus le thème de la paternité, présent aussi dans son premier film Keeper.
On est au Japon, où Jay, Romain Duris, n'a plus vu sa fille depuis 9 ans, depuis qu'il est séparé de sa mère, japonaise. Au Japon, c'est celle ou celui qui est avec l'enfant au moment de la séparation qui en a la garde, l'autre parent n'a aucun droit. Jay s'acharne, ne lâche rien, il cherche sa fille sans cesse, c'est pour ça qu'il est devenu chauffeur de taxi de nuit.
Le jour, il se bat avec son avocate et croise Jessica, Judith Chemla, mère française privée de son enfant, aussi impulsive, que lui est tout en retenue. On passe beaucoup de temps dans ce taxi, où Jay pense avoir retrouvé sa fille. Guillaume Senez évite les clichés sur le Japon. Ce qui est réussi, c'est l'implication de Romain Duris, très crédible en expatrié qui maîtrise la langue japonaise. Cette quête, tout en retenue des émotions, souligne les différences culturelles entre les deux pays, sans effusions excessives.
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