"Quelques jours pas plus" : quand l'humour désamorce la gravité
Quelques jours pas plus, c'est la rencontre improbable entre un journaliste musical, une bénévole, et un migrant afghan. Le film nous présente d'abord Arthur Berthier (Benjamin Biolay), journaliste culture un peu blasé, qui se voit "rétrogradé" aux infos générales par son chef, après un dérapage un soir de beuverie en reportage.
Envoyé couvrir le démantèlement d'un camp de migrants, il prend un coup de matraque de policier, et accepte ensuite de parrainer l'un de ces exilés, Daoud, afghan discret et cuistot de son état, en l'accueillant – quelques jours pas plus donc – dans son petit appartement parisien, et il tombe dans le même temps sous le charme de Mathilde, la bénévole, jouée par Camille Cottin.
Soit, en apparence, le scénario et le décor français d'un film français un peu cliché, mais miracle, la réalisatrice et ex-directrice de casting, Julie Navarro, en adaptant le roman de son compagnon, Marc Salbert, signe une très jolie surprise, l'humour des situations et des dialogues s'équilibrant très bien avec le sujet du film.
Quelques jours pas plus est donc un joli film, original, qui fonctionne agréablement, grâce à son écriture et son duo d'acteurs principaux. Benjamin Biolay n'a même jamais semblé aussi juste, avec de l'autodérision, et Camille Cottin est très impliquée et intense. Mais il faut saluer aussi les seconds rôles, associatifs ou migrants, non-professionnels pour la plupart.
Sidonie au Japon d'Élise Girard
Sidonie, écrivaine française au succès mondial, est en panne d'inspiration depuis la mort de son mari. Elle accepte de se rendre au Japon, à l'invitation de son éditeur, pour la publication de son premier roman. On apprend qu'au Japon, la cohabitation avec les fantômes est courante.
Le fantôme de Sidonie, c'est son mari décédé, qui ère dans les limbes, il apparaît quand elle flotte dans un monde qui lui échappe. Situations burlesques, Sidonie ne comprend rien aux codes sociaux, qui saluer, et quand choses à dire et ne pas dire. Elle se laisse porter dans ce voyage étrange, et partage avec son bel éditeur très ténébreux, une mélancolie, un rapport à la mort, qui vont finir par les rapprocher, sous le regard bienveillant du fantôme du défunt mari.
On pense évidemment à Lost in translation de Sofia Coppola et, de loin, au chef-d’œuvre d'Alain Resnais, Hiroshima, mon amour. Sidonie au Japon offre à Isabelle Huppert une partition écrite pour elle, ce qui évidemment fonctionne, dans ces images qui se veulent chargées de symboles, dommage que les scènes n'aient pas toutes la tenue de la dernière, sur l'île de Naoshima, parmi les chefs-d’œuvre de l'architecte Tadao Ando.
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